Louis II

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Monaco – Zenit dans le virage monégasque

Monaco – Zenit dans le virage monégasque

Pour toi, lecteur, on est prêts à beaucoup de choses. Comme celle de passer 90 minutes sous pression en virage monégasque pour le match décisif entre l’AS Monaco et le Zénit Saint-Petersbourg. Au programme, chants (ben quand même), stress et délivrance.

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19h30. Aux abords du stade, les supporters parés de drapeau bleu et blanc sont de plus en plus nombreux. Tatouages sur les mollets. Short, t-shirt, normal. C’est l’été indien pour eux sur la Côte d’Azur, même à 5°C. Sur le parvis, beaucoup plus de monde que d’habitude. Ça parle, tranquille. Si un individu lambda était amené à passer devant le Louis-II, pourrait-il deviner qu’il se joue là le plus gros match européen de l’AS Monaco depuis dix ans ? Pas sûr. Toujours est-il que le Rouge et le Blanc se remarque plus facilement que lors des matches de Ligain le week-end. Cette rencontre décisive parvient d’ailleurs à rameuter des « supporters » qui ne viennent pratiquement jamais au stade, parce que « tu vois, il fait froid et y’a pas forcément d’ambiance ». En bons samaritains, les « vrais fans » les acceptent à bras ouverts. Encore heureux.

20h. La foule massée devant l’enceinte asémiste commence tout doucement à se diriger vers les tourniquets. La tension monte d’un cran. Direction pour nous, le virage monégasque. Ou plutôt le pesage, pour les non-connaisseurs. Au menu, double ration de fouille et de contrôle. Les plus habitués planquent leur briquet et tout ce qui va avec dans la chaussure, les novices se font avoir. Arrivés en pesage, les Monégasques découvrent le parcage d’en face, quasi-plein aux couleurs du Zenit. Belle surprise. Car oui, plus il y a de visiteurs, plus on aime ça. Le paradoxe. Pour les réceptions du Benfica et du Bayer, le fan rouge-et-blanc avait d’ailleurs été quelque peu déçu de voir encore de nombreux sièges jaunes depuis son virage. Arrivée dans les travées. L’objectif est de trouver des places debout, positionnées le plus près possible des Ultras 1994. Parce qu’en pesage, tout le monde ne chante pas une écharpe dans une main, le drapeau dans l’autre. Un tiers de la tribune a la motivation de rester debout une heure et demi durant. Les remontrances du capo vers l’autre partie des pesages deviennent ainsi une habitude. Un capo qui se la joue en mode François Feldman époque Téléthon : « Tout le monde debout… là-bas ».

20h30. Presque tout le monde est entré dans le stade. Malgré des places à 10€ à côté du parcage russe, le virage opposé est quasi-vide. Hormis cela, le supporter de l’ASM est ravi de voir autant de monde. Entre excitation et fébrilité, tout le monde attend la musique magique de la Champion’s League et le début du match. Les plus fidèles ont réussi à se placer devant le capo. Les autres s’installent confortablement sur leur siège, en mode spectateurs du Parc des Princes.  La musique retentit enfin. Certains ont des étoiles dans les yeux, d’autres ne cachent pas leur joie en chantant plus fort que de raison cette chanson. Voix de sopranos pour eux. Les mecs des Ultras déplient un Kop à l’effigie de « Malizia ». Mais qui est cet homme ? Pour faire très bref, un mec malin (Malizia) qui a ravi la forteresse du fameux Rocher de Monaco (qui n’est qu’un quartier parmi d’autres) aux Gênois en se déguisant en moine. Fort.

L’arbitre siffle le début de la rencontre. En tribune, le capo a tout de même moins de difficultés que d’habitude à motiver ses troupes. Coupe d’Europe oblige. Les chants s’enchaînent, mais la possession quasi-incessante du Zenit empêche le fan monégasque de se libérer totalement. Faut dire que Monaco n’a que très rarement la balle et il faut compter sur la débauche d’énergie des défensifs rouge-et-blanc pour que le score reste à 0-0. 15e minute, vient le « On vous lâchera jamais, et toujours on chantera les Rouge-et-Blanc allez ». Un supporter au maillot de Chevanton sur le dos, se confie : « C’est mon chant préféré. C’est symbolique, le « on vous lâchera jamais ». On les a jamais lâchés, même quand on était en Ligue 2 avant l’arrivée de ‘Rybo ‘ et notre position de relégable ». Sur le pré, Monaco lâche la balle beaucoup trop vite. Réel plan de jeu de contre ou incapacité à mettre en place une action construite ? Le capo n’en a cure et demande à ses supporters de s’asseoir et de chanter avant de se remettre debout en enchaînant par un pogo pour les plus chauds. Un habitué raconte : « La dernière fois qu’on a fait ça, on était à Lisbonne pour Benfica-Monaco et on s’est pris le but pendant qu’on était assis. Résultat, ça nous a coupés les jambes et on est restés cloués au siège pendant deux-trois minutes ». Ouf, ça s’est déroulé sans encombre pour cette fois. 40e minute, corner et tête d’un joueur du Zenit, arrêt de Subasic. Assez pour que le capo lance un chant à la gloire du portier croate, très vite repris par toute la tribune.

Mi-temps. Ceux qui ont pu garder leur briquet s’en fument une et passent leur feu au reste de la tribune. Ça débriefe déjà sur la première période, ça parie sur la deuxième, et ça regarde les résultats de la journée de Champions League sur l’écran géant du stade. Les « ouuuuuh » se font entendre à la vue du but magistral de Ramsey. À peine le temps de voir tous les buts que le match reprend. Pas de changements au niveau des hommes, plutôt au niveau du jeu. Monaco parvient davantage à garder la balle et est beaucoup moins sous pression. Comme si l’ASM avait su faire le dos rond pendant une tempête de 45 minutes. Plus le temps passe, plus les émotions sont décuplées. Suspense de pouvoir tenir le résultat, excitation de se rapprocher du coup de sifflet final libérateur, tout se mélange dans les yeux des supporters en rouge-et-blanc. Jusqu’à l’heure de jeu. Ferreira-Carrasco, qui s’est pris des coups tout au long du match, adresse un coup-franc parfait sur la tête (ou l’épaule, mais qu’importe ?) d’Abdennour. Le Tunisien n’hésite pas à traverser la piste d’athlétisme pour fêter le but avec le pesage avant de tenter une célébration à la CR7 « Je suis chez moi, ici ». Le roc central, sérieusement critiqué par une partie (et seulement une partie) des supporters, répond de la meilleure des façons. Le tout, sans amertume ni revanche. Juste la joie et le partage.

Le fan monégasque est alors plus libéré. Le capo lance toujours ses chants, plus facilement repris par un plus grand nombre. Certains ont même décidé de quitter leur siège pour se mettre debout. En bons monégasques, le « Qui ne saute pas est un Niçois » est bien respecté. Le capo joue alors sur les cordes sensibles pour faire encore monter l’ambiance d’un cran : « l’an dernier, l’OM était à 0 point. Là, on est premiers de la poule, les gars !». Argument qui fait mouche. Des tribunes, les chants partent encore plus forts. Lien de corrélation ou pas, les joueurs sur le terrain donnent tout ce qu’ils ont. Raggi enchaîne les montées rageuses et redescend à son poste aussi vite, tête dans le guidon. Toulalan tente des débordements. Moutinho et Carrasco font tourner les défenseurs en bourrique. Bakayoko assure au milieu. Le supporter est comblé. Et il le sera encore plus au moment du deuxième but monégasque signé Fabinho. Une finition pleine de sang-froid digne d’un Berbatov qui fait chavirer le pesage. 88e minute, le Zénit doit marquer trois buts… Le compte est vite fait, et le chant à la mode est vite lancé : « On est en huitièmes ! ». Au final, le supporter monégasque aura passé la soirée parfaite : victoire à domicile, qualification en huitièmes et première place de la poule. « La bière après le match va être encore meilleure » lance un supporter trentenaire. De la pression dans les tribunes à la pression au bar, on a vécu 90 minutes dans le virage monégasque.

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