Milan – Inter pour le derby de la Madonnina

Milan – Inter pour le derby de la Madonnina

Je vous fais la sympathie de vous épargner l’explication de comment j’en suis arrivé à me retrouver en plein San Siro, voir l’un des derbys les plus mythiques de l’Histoire du Football, qui a connu près de 219 rencontres, dont quatre en Ligue des Champions, par 2 degrés et sous la pluie. Le plus « important » à retenir, c’est qu’à 16h je ne savais même pas que ce derby milanais allait avoir lieu en quart de finale de Coupe d’Italie. A 20h j’étais bien installé dans la Tribuno Rosso, entre deux des plus belles Curve d’Italie.

Tout commence avec l’arrivée en métro. Le stade est le terminus de la ligne 3, et la rame est remplie. Le flux de supporters des deux camps mélangés qui se rendent au stade est beau à voir. D’autant plus que la sortie de la station de métro donne directement vue sur le stade. Du coup ça donne une vraie impression de procession en direction du stade, vu que tout le monde y va. Bon après ça dure que 200 mètres mais c’est sympa. Les vendeurs à la sauvette sont étonnamment peu chiants. Autour du stade, plusieurs dizaines de baraques pour manger. Et quand on connait la qualité de la bouffe italienne …

Pour trouver sa place, c’est pas facile puisqu’en fait les tribunes n’ont pas de vrai nom, juste celui d’une couleur. Bon, on s’y fait. Après une longue queue, les problèmes commencent. Il faut d’abord montrer une première fois sa place pour un premier contrôle. Attention puisque si vous prenez les places sur internet comme moi, elles sont nominatives et il faut montrer une pièce d’identité pour rentrer. Pas top. Puis la traditionnelle fouille ; à Nice quand je vais aux matches j’ai l’habitude de pas avoir de contrôle très poussé, mais là c’était pire, je crois qu’il a juste vérifié si j’avais bien des poches en fait.

Bref, ensuite il faut valider son billet pour passer un tourniquet pour rentrer dans l’enceinte du stade. Puis valider son ticket encore pour rentrer dans la tribune. C’est tout ? Ensuite, on monte des escaliers de 2 mètres de large interminables. Et là, boum, l’accès à la tribune, la vue sur la pelouse et la Curva de chaque club. Le stade fait 80 000 places. On annonçait 50 000 spectateurs, le troisième anneau n’a pas été ouvert, cela n’enlève rien à l’immensité de l’arène.

 

La vue de ma place. Plus que correcte

Je trouve mes places, juste à côté de la Curva Nord, celle de l’Inter. Les sièges sont très serrés, à peine la place de mettre les mains dans les poches de la veste, et encore … Je suis sur le même rang qu’une famille de chinois et qu’un couple de suédois. Je râlerais bien, mais moi aussi je participe à ce défaut d’authenticité de nos stades modernes, alors je ne vais rien dire. En parlant d’authenticité, j’avais peur que ce derby manque cruellement « d’italianité ». Et bien ce n’est pas forcément le cas, tout les gens qui y travaillent sont de vrais ritals pur jus. Tout ce qui a trait aux réseaux sociaux est en anglais, mais sinon on sent quand même qu’on est encore en Italie. On en est pas au niveau de servir des pâtes à l’assiette à la place, mais quand même.

Les buvettes sont classiques pour un stade de foot. A noter la présence de vendeurs ambulants dans la tribune, qui vendent des chips, bières etc, et des petites fioles assez étranges. Il s’agit tout simplement de liqueur de café vendue OKLM. Je n’ai pas testé mais si ça vous arrive n’hésitez pas à nous décrire à quoi ça ressemble.

Pour en revenir au stade, l’écran géant est très beau, la sono est super quoique peu rassurante vu comment elle est attachée. Presque trop forte cette sono vu qu’elle cache les chants de supporters. Enfin c’était jusqu’à ce qu’arrivent les compositions d’équipe. Tout le stade se réveille et gronde. Juste avant celle de l’AC, la régie du stade balance Perché ti amo. Cela change du reste de l’ambiance, mais dans un stade de foot où presque 30 000 personnes reprennent le chant, c’est magnifique. Le derby est lancé.

 

Je me rends compte dans l’annonce des compos que je dois pas connaitre plus de la moitié des joueurs titulaires ce soir. Je ne me prétends pas être un grand connaisseur du foot, surtout de la Serie A qui ne m’intéresse pas trop, mais le fait que les 22 noms me disent aussi peu de choses montre bien à quel point les deux équipes ont perdu de leur prestige. A noter que Gianluigi Donnarumma est forfait, il est remplacé par Storari, 40 ans. Ah non, il s’est blessé à l’échauffement, c’est donc au grand frère Antonio Donnarumma, 27 ans, aucun match cette saison, surtout connu pour sa carrière en Serie B et en Grèce, de prendre place dans les buts. Coté Inter, Miranda est absent. Mais pas Icardi.

Compo AC Milan : Donnarumma – Abate, Romagnoli, Bonucci, Rodriguez – Kessie, Biglia, Locatelli – Suso, Kalinic, Bonaventura

Compo Inter : Handanovic – Joao Cancelo, Skriniar, Ranocchia, Nagatomo – Vecino, Gagliardini – Candreva, Joao Mario, Perisic – Icardi

 

On est partis donc et le principe du match est vite mis en évidence ; c’est l’Inter qui va devoir faire le jeu, mais qui manque beaucoup d’inspiration. Joao Mario ne reçoit jamais la balle dans le sens du jeu, Vecino n’en fout pas une, on essaie de passer par les ailiers qui perdent facilement le ballon. Candreva centre dès qu’il en a l’occasion, conforme à ce qu’on m’avait déjà raconté, au mieux il gratte un corner. Icardi ne touche pas le ballon et est juste là pour marquer. En face, l’AC se contente de presser, mal, de jouer les contres, mal, et les corners, mal. Corner + corner on arrivera à la fin du match à un total de 24 corners pour les deux équipes cumulés, contre 27 tirs. Le rythme est plutôt calme. Locatelli tente une simulation dans la surface à laquelle personne ne croit, carton jaune.

L’ACM obtient quand même la première occasion du match sur une tête dans la surface de Bonaventura qui oblige Handanovic à la parade. Sinon on s’ennuie un peu. L’ambiance est dans les tribunes, qui sont actives à chaque coup de sifflet, on voit plein de mains s’agiter pour râler, à l’italienne, sans qu’on sache vraiment de quel camp elles viennent. Les deux équipes défendent bien, surtout grâce à leur positionnement, mais attaquent mal et n’ont pas la moindre étincelle pour enflammer le match. Dans les deux camps on hésite pas à envoyer des longs ballons perdus d’avance. J’avais vu beaucoup de vidéos de Bonucci à la Juve qui distribuait des caviars de loin, mais visiblement ce Bonucci-là est resté à Turin. On se dit qu’il faudrait peut-être un but interiste pour bouger les deux équipes. Et c’est ce qui arrive.

24ème minute, sur un corner côté droit, le ballon file au second poteau. Un interiste la remet en direction des cages, Perisic, à un mètre de la ligne, pousse le ballon au fond presque sans faire exprès. Les tifosi de l’Inter explosent littéralement, les nerazzurri aussi. Je découvre qu’en fait je suis dans une tribune mixte, les supporters des deux équipes sont mélangés. Le speaker annonce le but, les fumigènes s’allument dans le virage nord, tout le monde se replace et s’apprête à reprendre le jeu après le centre. Puis se fige. Seul l’arbitre bouge, en marchant comme s’il était au téléphone. On comprend pas grand chose à ce qui se passe pendant plus d’une minute. Et puis d’un coup il siffle. Ah ok, le but est annulé par l’arbitrage vidéo.

Apparemment main de Ranocchia dans l’action. Personne ne l’a vue, personne n’a contesté. On a célébré pour rien donc. Bon ben du coup on reprend comme s’il ne s’était rien passé. Mais l’Inter est démobilisé par ce qu’il vient de se passer et ne propose plus rien. Le Pascal Dupraz Italien, Gennaro Gattuso, en a profité pour donner ses consignes de jeu : des couilles. Du coup ça part en patates de forains dans tous les sens, même pas des coups fourbes, des vrais trucs envoyés sans pression, sans raison parfois. L’arbitre laisse jouer. C’est tout pour cette mi-temps donc. C’est pas fameux.

J’apprends pendant cette mi-temps qu’il n’y a pas de match retour. En cas de nul, c’est prolongations et TAB. Sympa ça. Quoiqu’après ce que je viens de voir, pas trop sûr d’en être heureux en fait.

On repart quasiment sur les mêmes bases. Icardi participe plus au jeu mais cela ne suffit pas. Perisic est un trou noir qui fait disparaître tous les ballons qui lui sont envoyés. Vers la 58ème minute a lieu la plus grosse occasion du match. Vecino part dans un rush incroyable et centre vers Icardi, qui remet de la tête pour Joao Mario. Seul à 6 mètres des buts avec un gardien déjà à moitié par terre, il décoche une frappe impossible à réaliser quand on a moins de 60 ans droit sur Donnarumma. Bravo Morray. Il sort peu de temps après d’ailleurs.

Du coup, en face, Bonaventura est jaloux d’un tel immanquable, et donc 6 minutes plus tard, sur une frappe mal repoussée par Handanovic, il expédie une tête au-dessus des cages vides situées à 5 mètres. Après ces deux immanquables … On se met à s’emmerder à nouveau. C’est triste de voir ces deux grands clubs jouer aussi mal. Pourtant le talent est présent sur la pelouse. Notamment le 5 de l’Inter, Gagliardini, que je ne connaissais pas et qui me fait bonne impression, peut-être le meilleur joueur sur la pelouse. Ah, ben il sort, remplacé par Brozovic.

Donc je me disais que le jeu était pas terrible. L’AC Milan joue la faute à chaque offensive, ça ne marche jamais et les supporters ne contestent même plus quand leurs joueurs tombent. L’Inter n’a aucune idée de comment avancer. Les chants en tribunes se calment. On dirait de la Ligue 1. Mais pas de la Ligue 1 dont on est fier, plutôt la vieille Ligue 1 du milieu des années 2000 et … OH MON DIEU ATTENTION DERRIÈRE TOI, UNE OCCASION !! Suso, qui était le joueur le plus remuant coté de l’AC, mais qui souvent joue trop perso, envoie une frappe sur la barre après un corner. Si on voyait les highlights du match on pourrait croire à un match très rythmé et plein d’occasions, mais c’est trompeur. A partir de cette action, les équipes décident de ne plus rien tenter. Certains l’ont bien compris et 10 minutes avant la fin du match, certains commencent à quitter le stade. Et pas des étrangers hein, des vrais supporters italiens. Fin du temps réglementaire, prolongations.

J’aurais bien aimé voir des tirs aux buts dans ce derby. Je n’en aurais pas l’occasion. Au moment où la mi-temps des prolongations approche, l’AC Milan réussit par un miracle à ouvrir le score. Alors, je sais que à la télé ça a l’air d’une superbe passe de Suso, mais de là où j’étais ça ressemblait quand même vachement à un tir complètement foiré. Du coup j’ai pas fait attention, mais deux milanais ont suivi et Patrick Cutrone, 19 ans et qui a l’air d’être un des favoris du public, marque. C’est la folie en tribunes, le joueur enlève son maillot et crie de partout, la moitié du staff rentre sur le terrain. J’étais persuadé d’avoir vu un hors-jeu, mais non. Je prends donc conscience du but une minute après qu’il ait eu lieu. Les 15 dernières minutes ne serviront à rien. L’AC ne tente pas vraiment de contre. Coté interiste, Perisic résume son équipe en envoyant au deuxième anneau un bon ballon sur la seule action des bleus, au lieu de servir Icardi parfaitement placé.

Fin du match. L’AC Milan est en demi-finale de Coppa Italia et jouera contre la Lazio. La moitié des milanais sautent sur leur gardien, qui même s’il finit sans but encaissé dans un derby, n’a pas eu grand chose à faire. L’autre moitié s’écroule par terre ou fond en larmes. C’est peut-être très exagéré tant ce match ne signifie pas grand chose dans la saison, ou alors cela montre quel importance peut prendre un derby pour un joueur. Un derby milanais c’est plus qu’un match. Ou alors ils pleurent de joie d’être libérés de leur captivité en mise au vert par Pascale Duprazini, après avoir enfin gagné dans cette période difficile.

 

  

Pour finir, un hommage aux supporters des deux équipes avec leurs tifos d’avant-match

 

MVP du match : Gagliardini coté Inter, il a été au four et au moulin. Sorti trop tôt. Pour les milanais, c’est très probablement Suso, qui a provoqué dès qu’il en avait l’occasion. Ou alors Kessié, qui a eu la chance d’être libéré des tâches défensives et a donc été plus en vue.

Note de l’ambiance : Derby/20. Je ne sais pas pour les soirs de match « normaux », mais ce soir, San Siro était beau.

Note du match : On comprend pourquoi l’Italie va pas à la Coupe du Monde/20. Mon Dieu que c’était mauvais.

Bilan : Pour 55 euros j’étais un peu dans l’angle, mais ça valait le coup. Prix assez élevé mais c’est une expérience obligatoire pour tout fan de foot. La vue est superbe de partout. L’ambiance est bien présente. Beaucoup de choses sont bien pensées dans le stade. A refaire quand au moins une des deux équipes se sera trouvé un vrai jeu collectif.

Henri Death

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