Premier déplacement pour moi en 2019 et 5e de la saison pour voir jouer mon club de coeur, le légendaire Lausanne-Sport. Après Vaduz en juillet, Genève pour le derby du Léman contre Servette en août, Rapperswil-Jona lors d’un froid et pluvieux samedi soir d’octobre et Kriens en novembre, il est temps de se rendre à Winterthur pour un match spécial pour de nombreuses raisons :
- Sur le plan sportif premièrement, les deux clubs sont au coude à coude pour la deuxième place (synonyme de barrage pour la montée en Super League, le plus haut niveau helvète). Actuellement à égalité de points avec Winti mais devant au classement grâce à une différence de buts favorable, le LS a l’occasion de revenir à 4 points de son grand rival Servette en cas de victoire
- Sur le plan des tribunes deuxièmement, les supporters des deux clubs sont liés par une amitié qui durent depuis de nombreuses années. Je n’ai pas réussi à trouver quelqu’un capable de me renseigner sur les raisons de cette entente. A vrai dire, la meilleure explication que j’ai pu avoir est la suivante : « Il y a quelques années ils sont venus jouer chez nous et savaient qu’on organisait des barbecues au bord du lac. Ils ont demandé s’ils pouvaient nous rejoindre et on a accepté. Depuis, on est amis ». Que c’est beau !
- Sur le plan du stade troisièmement, le stade de Winterthur, la Schützenwiese, est réputé pour être une des plus belles enceintes de Challenge League. Comme je n’y suis jamais allé, l’occasion était trop belle d’enfin découvrir ce stade
La ville
Arrivé en ville de Winterthur par le train environ une heure avant le coup d’envoi, pas énormément le temps de faire du tourisme. Accompagné d’un autre supporter croisé lors du trajet, on se dirigera vers un bar dans lequel nous attendent les autres supporters ayant fait le déplacement, en compagnie de quelques fans locaux. Direction ensuite la stade, à une centaine de mètres de là. Les quelques rues parcourues ne me laissent pas un grand souvenir de la ville mais les habitants sont sympathiques et la marche n’est pas insurmontable entre la gare et le bar, puis entre le bar et le stade.
Le stade
Arrivé au stade, c’est là que l’émerveillement commence. Tout le bien que l’on dit de cette Schützenwiese n’est pas un mensonge. D’une capacité officielle de 9’400 spectateurs et composé de deux tribunes sur les longueurs du terrain (une historique avec environ 1’500 places assises ainsi qu’une tribune plus récente avec 3’600 places debout) ainsi que des deux parcages sur des terrasses en béton situées derrière chacun des buts, le stade respire le football populaire.
Le club de Winterthur a en effet la réputation d’être en quelque sorte le Sankt-Pauli de la Suisse : on aperçoit des buvettes sur lesquelles flottent des drapeaux tibétains, des banderoles prônant l’ouverture d’esprit et le progressisme sont accrochées à des grillages, une petite tribune spéciale pour les enfants est même bâtie dans le bloc des ultras locaux (la Sirupkurve, le virage du sirop, par analogie avec les nombreuses Bierkurven du pays), des initiatives pour l’écologie sont faites (verres réutilisables avec dépot, incitation au recyclage). Le FCW a d’ailleurs une charte sur son site internet listant les valeurs du club : antiracisme, lutte contre le sexisme, lutte contre l’homophobie, acceptation des personnes venant de toutes les cultures et classes sociales, etc,.. un vrai football tolérant et populaire, à l’ère où le beautiful game fait trop souvent place au business et à d’insupportables relents racistes, homophobes et sexistes trop peu remis en question dans le milieu. Une véritable bouffée d’air frais.
L’atmosphère
Une soixantaine de Lausannois ont traversé le pays pour le déplacement d’aujourd’hui, ce qui est un assez joli chiffre vu la catégorie de jeu et le niveau de jeu montré par le club cette saison. Les encouragements ne cesseront pas du début jusqu’à la fin du match. Des chants sont lancés à travers le stade en commun avec les amis du parcage adverse, chants d’ailleurs souvent repris par les tribunes latérales, qui applaudissent chaleureusement cette entente entre les supporters.
Le stade est également bien garni aujourd’hui : environ 5’200 personnes sont là, dont de nombreux juniors. Tout le stade pousse l’équipe et le nombre de décibels augmente vite lorsque les locaux sont en bonne position ! Tout le monde semble vivre le football à fond à Winterthur, ce qui se confirme avec l’affluence moyenne du club (environ 3’500 spectateurs par match) qui est la plus élevée de la ligue et une des plus stables à ce niveau du foot suisse, et ce malgré le relatif manque de compétitivité du club depuis quelques années.
(merci à Jérome Lambert, référent-supporters du club, pour la photo et son droit à l’utilisation. On y voit bien évidemment nous, supporters lausannois, mais également la tribune historique sur la gauche et la tribune moderne sur la droite. En face on peut voir le kop de Winti)
Le football
Le LS, malgré son budget et son effectif digne d’une première division, est à la peine en ce début d’année. Avec une attitude minimaliste et un plan de jeu résolument attentiste, l’équipe ne perd pas mais ne gagne pas assez non plus : le bilan comptable est plombé par un nombre de matchs nuls effarant (11 en 22 matchs avant la rencontre d’aujourd’hui).
Ce match-ci ne dérogera pas à la règle. Manquant d’idées et de tranchant, le LS laisse Winterthur développer son jeu et subit pendant le jeu pendant la totalité de la première mi-temps. Le gardien lausannois Thomas Castella sauve une première fois les siens à la 7e minute sur une belle frappe de Taulant Seferi. Rebelote à la 34e sur une tentative de Roberto Alvès. Le LS peut s’estimer heureux de n’avoir encaissé aucun but à l’heure du thé.
La deuxième mi-temps sera de la même veine. Toujours insipide, le LS ouvre pourtant le score à la 81e minute sur une réussite de Joël Geissmann, qui fêtait ses 26 ans le jour même. On se croyait alors tirés d’affaire avant que Luka Sliskovic ne décoche une frappe surpuissante dans les cages lausannoises. 1-1, explosion de joie à la Schützenwiese. L’enjeu sera finalement partagé et c’est bien payé pour le LS qui continue de faire du sur-place.
L’expérience groundhopping
Globalement l’expérience fut bonne, bien aidée par un stade à l’atmosphère spéciale et la bonne ambiance grâce à l’entente entre les supporters des deux clubs. Une déception face au niveau du jeu toujours pauvre du LS mais il faut reconnaître que Winterthur a une belle équipe cette année et leur séjour en haut de tableau est mérité. Belle frappe de Sliskovic pour l’égalisation !
Je recommande fortement un match à Winterthur aux groundhoppers curieux de découvrir la deuxième division suisse. Le niveau de jeu est globalement en dessous de bien des autres championnats, mais ça vaut quand même la peine, rien que pour l’atmosphère si spéciale qui règne dans ce genre de clubs engagés socialement.