FC Sion - Servette FC
Tribune Ouest Bloc A1 30 CHFJe peux enfin terminer mon tour des stades de Super League avec ce dernier stade : le stade de Tourbillon où s’affronte le FC Sion et le Servette FC sous l’appellation de “derby du Rhône”. Cette affiche est ainsi la meilleure pour voir un match du FC Sion. C’était d’ailleurs une affiche que j’avais prévu de faire dès mars 2020 mais quelques jours avant le Covid avait mis un terme à la saison.
La ville
En Super League, Sion est selon moi la ville la plus inaccessible depuis la France puisqu’aucun transport en commun (Flixbus ou autre) ne permet de rejoindre la capitale du Valais. C’est aussi pour cette raison que j’aurais pris du temps avant de faire ce stade. Mais en voiture, c’est aussi l’une des plus proches de nos frontières. C’est donc le moyen de transport qu’on a utilisé pour passer la journée à Sion.
Sion, c’est aussi la plus petite ville de Super League avec 30 000 habitants (Lugano, le double). On en tiendra évidemment rigueur dans le jugement puisque ce n’est pas une ville où vous allez espérer y passer un week-end complet. Un A/R sur une journée avec un match le soir est déjà bien suffisant pour y faire les attractions principales, à savoir le château de Tourbillon et la Basilique de Valère. Si vous avez plus de temps, vous pouvez faire une visite (à des horaires précises) payante pour 5 chf du château de Tourbillon. Les avis que j’ai pu lire sur Tripadvisor en sont très convaincus.
Le stade
D’un tourbillon à un autre en passant du château au stade. On peut se rendre facilement à pied au stade depuis le centre-ville et/ou se garer gratuitement sur un parking à côté du stade. L’avant-match est plutôt de qualité pour manger et boire avec ce qu’il faut en stand, des tables en extérieur et également une grande salle en intérieur.
Le stade est assez rudimentaire (ce n’est pas péjoratif) sur quelques aspects. Par exemple, pour aller aux toilettes (dans notre tribune en tout cas), il faut sortir du stade (on tamponne la main pour sortir). Je n’avais jamais vu ça. La capacité du stade et des tribunes va très bien au FC Sion avec 15 000 places. Même aujourd’hui avec une affluence faible pour un derby (autour des 8 000 alors que ça doit pouvoir viser 10 000), ça n’est pas perturbant. Mieux, le virage peut donner l’impression visuelle d’être complet. Et évidemment, le paysage est superbe. On peut en profiter depuis son siège.
La rivalité
On m’a raconté que ce derby est l’une des plus grosses rivalités de Suisse. Ce que j’ai vu et entendu sur ce match (ainsi que le langage fleuri sur internet) semble aller en ce sens. Disons qu’à la différence d’un derby de Zurich par exemple, on est sur une rivalité qui dépasse largement le football. On peut faire un parallèle avec le derby homonyme français OL-ASSE. Genève déteste Sion (ou plus largement le Valais) et inversement. C’est viscéral et lié à certains facteurs sociologiques complexes.
“entre les supporters du FC Sion et ceux du Servette FC, c’est un peu comme entre les familles corses: les brouilles traversent le temps. Dès qu’un ballon roule, on se déteste. Parfois sans trop savoir pourquoi, par principe, de père en fils. C’est dans les tripes, dans ce côlon interminable qui n’en finit pas de digérer les rivalités de l’histoire.” (lematin.ch 2017)
Mais le mieux, c’est encore de lire cet article des Enfants du Servette, bien que daté de 2013.
« (Années 1970) Pour caricaturer et outrer cette typique rivalité ville-campagne, il y aurait donc d’un côté une population friquée, hautaine et arrogante, pillant et colonisant à tout va et de l’autre un ramassis d’alcooliques consanguins aux agrestes activités tout juste bons à sucer les subventions fédérales et à gruger les autorités fiscales […] (Années 2000) le décalage socio-économique entre les deux cantons n’a plus l’acuité qu’il avait pu avoir autrefois. »
A savoir également : la Section Grenat a été fondée en 1988. C’est le plus vieux groupe Ultra de Suisse. Côté Sion on a des groupes plus récents (Red Side 1996 dissout en 2011).
L’atmosphère
Cette contextualisation permet davantage de comprendre l’atmosphère de ce match, qui aura vu bon nombre de références vulgaires (consanguinité, « TUEZ-LES », etc) par des chants et banderoles. Pour une fois, je pouvais comprendre les chants et banderoles dans un stade de foot. C’est un élément qui joue aussi favorablement sur mes sentiments dans ce match. Et merci à la sono du stade qui est vraiment discrète (je n’entendais pas distinctement les pubs). C’est rarement autant le cas. Du coup, dès l’avant-match on peut profiter des chants et insultes des ultras de Sion.
Le parcage du Servette est apparu bien plus tard, avec une entrée groupée un peu après le coup d’envoi. Le virage sédunois avait déjà eu le temps de dévoiler un tifo “A LA GLOIRE DE NOS COULEURS” puis de revendiquer : “Respectez le club et son identité… CORRIGEZ CE LOGO BAFOUE !”
D’un point de vue sonore, rien à redire sur l’activité des groupes avec des chants continus. On était proche de ceux de Sion donc ce sont eux qu’on aura principalement entendu et qui à notre distance couvrait ceux du Servette sur la majeure partie du match.
On a aussi eu le match des banderoles. Je ne valide pas la première : “Rumeur Ballotelli : un mercenaire infâme pour un club sans âme.” C’est étrange de donner de l’importance à un transfert (avec une faute d’orthographe), qui plus est quand il s’agit seulement d’une rumeur qui j’imagine n’occupe même pas l’esprit des ultras de Sion ? (ça ne m’a empêché de voir un maillot floqué à son nom)
Ensuite, ça s’est mieux rentré dedans.
“Dans Game Of Rhône, c’est vous les Lannister ?”
Celle-ci j’ai bien senti qu’elle a excité les mecs de Sion. Beau move néanmoins de leur part puisqu’ils s’attendaient à la banderole consanguine de la SG et ont immédiatement répondu :
“Blabla consanguins… Recette facile pour vos cerveaux fainéants.”
Autres banderoles du match :
“SG : des banderoles qui tournent en rond ?”
“Pourtant l’inceste semble être chez vous une obsession !”
“Merci à la classe de 8H de Grône pour le maillot du maintien ! Merci à la classe de 8H de Carouge pour le tifo servettien !” (fait référence à un concours de dessin remporté par cette classe dont le maillot a ensuite été porté par les joueurs de Sion contre le Servette en fin de saison 21/22)
On a attendu que le soleil se couche complètement pour que la seconde mi-temps soit essentiellement celle de la pyrotechnie dont un superbe craquage du parcage visiteur.
Le match
On a malheureusement pas eu la chance de voir un but dans ce match. Pourtant, et cet avis ne semble pas partagé avec ceux que j’ai lu sur internet, j’ai trouvé le match très agréable à voir. On jouait des deux côtés pour gagner en laissant parfois des espaces, on a eu des belles constructions d’actions (davantage côté Servette). Ça a simplement pêché dans les derniers gestes mais ce match ne ressemblait pas à un 0-0. On a pourtant cru à un moment qu’on verrait enfin un but lorsqu’un pénalty a été attribué à Sion, finalement annulé pour une faute au préalable.
L’expérience groundhopping
On pensait ne pas être dans le meilleur contexte avec un match au cours de l’été et sur un week-end de chassé-croisé entre juilletiste et aoûtien. Ça a probablement coûté un peu en terme d’affluence mais sans impact puisque seul les tribunes latérales (qui ne participent aucunement à l’ambiance) n’étaient pas pleines. On a bien profité en regardant les deux virages entre les chants, les banderoles, la pyrotechnie. Des buts auraient magnifiquement pu accompagner tout ça et pourtant, je n’ai même pas eu ce sentiment de rester sur ma faim sans ce but. C’est donc une expérience très satisfaisante alors que le scénario du match n’a été d’aucune aide au spectacle des tribunes. Cela peut être une bonne raison d’y retourner un jour.
Si on veut être vraiment précis le premier groupe ultras a Sion apparaît entrée 93 et 94 sous le nom Ultras Sion. Et c’est intéressant de noter qu’à ce moment, il n’y a quasi rien d’organisé en suisse allemande, qui aujourd’hui mène clairement la cadence point de vue ultras.