Pour la clôture de la Série A et même des différents championnats européens, je ne pouvais pas mieux tomber : Un Lazio Rome – Inter Milan choisi par défaut de très longue date parce qu’il se tenait pendant les finales du Masters 1000 de Rome. L’Histoire de cette saison 2017/2018 a voulu que les deux clubs se disputent l’unique place restante pour une qualification directe en LdC. Et la chance a voulu que la Série A applique la différence de buts particulières en cas d’ex-æquo. Seule l’existence de ce règlement donnait encore ce très fort enjeu au match puisque l’Inter se tenait à 3 points de la Lazio mais avec une différence de buts un peu trop défavorable. C’était donc parti pour 3 jours prometteurs à Rome.
Pour en savoir plus sur la Serie A c’est chez les copains de Serie A Mon Amour.
La ville
J’avais un programme sportif chargé et je n’avais concrètement qu’une soirée d’abord, puis une journée pour visiter Rome. Autant il peut m’arriver de dire de d’autres villes que c’était très bien (Mayence) sans annoncer qu’il faudrait y rester 2 jours, autant là il m’est très facile de dire qu’on peut y rester quasi une semaine sans se lasser. D’ailleurs, peut-on simplement se lasser de Rome ?
A ce propos, pour moi Rome n’était pas un groundhopping comme un autre. Je n’y allais pas tant dans le but de découvrir le stade, on y reviendra plus tard, que de découvrir la ville. Je n’avais jamais visité Rome avant ça mais j’ai toujours eu ce sentiment qu’on ne pouvait pas dissocier la ville des clubs. Ce sentiment, c’est évidemment (oui, ça me semble une évidence) Totti qui me l’a apporté de mon plus jeune âge jusqu’à aujourd’hui : « Mais comment fait-il pour ne pas quitter Rome ? Pourquoi rester là où il ne gagnera pas… ». Un choix que j’ai toujours admiré mais qui dans le foot n’a malheureusement plus souvent de sens. Oui, voilà c’est peut-être con pour vous mais c’était ça. Aller à Rome c’était découvrir pourquoi Totti n’a jamais pu quitter Rome pour l’argent et les titres faciles de Madrid (par exemple). C’était découvrir de quelle beauté est faite la vie d’un romain. Je dis Totti mais ça marche aussi avec De Rossi même si j’ai peu grandi avec ( cf. sa superbe interview pour Canal Plus). Dans une mesure différente, c’est quelque chose que j’ai vécu avec Steven Gerrard à [mks_icon icon= »fa-map-marker » color= »#81d742″ type= »fa »] Liverpool. Passer quelques jours dans l’une de ces villes explique des choses sur la relation entre un joueur et l’atmosphère autour d’un club/une ville qui ne peuvent se comprendre sans y avoir été.
J’ai compris pourquoi on ne quittait pas la ville de Rome facilement. Toute la ville est magnifique. Je ne vous détaille pas les « attractions touristiques » de la ville (internet est assez fort pour cela), Rome est une ville remplie d’Histoire qui a su conserver son architecture (dont des nombreuses statues et fontaines dans tout les éléments de la ville). La mondialisation semble même lui avoir échappé tant la quasi intégralité des commerces que l’on croise restent artisanaux. Plus précisément en terme de restauration, on aurait d’ailleurs aucun mal à vouloir s’arrêter n’importe où pour manger et boire si je n’essayais pas d’économiser quelques euros. J’ai sinon trouvé si peu de publicités qu’on en revient à s’en faire la remarque : « Ah tiens, t’as vu ? Y’a une grande affiche publicitaire là! On en a déjà croisé ?!? ». Ah et vous savez quoi ? Rome peut bien être la 12ème ville du Monde la plus visitée, je ne me suis jamais senti bousculé ! On circulait librement partout. Il y’a tellement à y voir que les touristes s’étalent probablement sur toute la ville sans se gêner ? Reste éventuellement à faire une remarque sur le code de la route et la sécurité routière en Italie (manque de passages et accès piétons, arrêt de bus en plein virage d’une route où les véhicules circulent à 90km/h, etc).
Je me suis contenté de visiter Rome sans me ralentir par des visites payantes, et pourtant ce n’est pour une fois pas l’envie qui manquerait de payer pour cela. On a facilement l’envie de tout voir, qui plus est de nombreux musées sont proposés en visite le soir, c’est génial ! Il est facile de se faire un programme sans aucun temps mort dans Rome. Pour ma part j’ai donc fait le tournoi de Rome de niveau Masters 1000 au Foro Italico. Ce lieu réunit le Stadio Olimpico, le stade des Marbres (entouré de statues et en accès libre pour faire du sport), le complexe nautique olympique, des salles olympiques et donc les courts de tennis dont l’un aussi parmi les plus beaux du circuit avec toutes ses statues. De plus, ce tournoi à l’inverse de Roland-Garros propose des night-sessions en extérieur qui ont un charme infiniment supérieur encore à des sessions de jour. Je ne vais pas mettre la note de 10 parce qu’on est en Italie, et que par définition, pour moi qui suis fan de pop rock indé, ça sera toujours compliqué de trouver des sorties musicales de qualité ici. Hors foot, c’est souvent ce qui me décide à faire un trip.
A noter, parce que ce sont déjà des questions qui me sont revenus dans mon entourage : Je n’ai pas trouvé la ville de Rome sale. J’ai pourtant parcouru un bout de Rome notamment pour retourner à mon hébergement (une heure de marche) et ça ne m’a pas plus marqué. Je vous conseille d’ailleurs le logement C’è Posto Per Te qui est très proche d’un Airbnb mais au tarif d’une auberge : On a payé 135€ taxes comprises pour 3 nuits à 2 sans déduction des promos du site. Si le lieu est excentré, des bus relient cependant cette zone au Foro Italico, et ce sans repasser par le centre. Il faut 14 minutes au bus pour faire 8 km, très efficace.
Bref, vous avez compris que Rome c’était bien ? Moi, j’ai envie d’y retourner.
Les alentours
Je vous ai décris plus haut les alentours pour ce qui est notamment « événementiel » avec le tournoi de Rome. Dans une situation plus ordinaire, le groundhopper peut plutôt aller se poser au stadio dei Marmi (le stade des Marbres dont je parlais) et contempler le paysage et les statues, si ce n’est pas pour taper un petit foot ou pourquoi pas pique-niquer après tout. On a tenté de faire le tour du Stade Olympique mais la Curva Nord touche la Viale dello Stadio Olimpico. A moins de vouloir vous prendre sans visibilité une voiture en plein virage à 90km/h en pleine face, je déconseille. Par contre, les portes du stade étaient ouvertes la veille du match. De quoi éventuellement commencer à se repérer et regarder les belles illustrations olympiques au sol. Pour ce qui est des stands de nourriture, on trouvait des petits commerces en face de la route qui longe le complexe (Lungotovere Maresciallo Diaz) et quelques-uns sur des parkings. C’est pas le top car la circulation continue, mais ça a l’avantage de pouvoir attendre le bus retour dans le même temps.
Le Stade
Ah, ce fameux stade italien dont on ne voit même pas la présence ou non de supporters à la TV. Les courses de 50m pour qu’un joueur se retrouve devant une tribune. Nous y voilà, au Stadio Olimpico de Rome ! C’est franchement pas le stade le plus excitant à voir. Déjà, le stade n’a tout simplement aucune devanture particulière. C’est juste du béton armé et puis voilà. Heureusement que les « alentours » (arbres et statues) viennent égayer un peu cela. A l’intérieur, on a une piste d’athlétisme qui ne doit servir qu’une fois tous les 50 ans pour des événements dont on ignore probablement tous l’existence (le dernier en date selon Wikipédia : La Coupe d’Europe des nations d’athlétisme 1993). Depuis, elle aura juste emmerdé 25 ans de football soit plus de 1 000 matchs (pour une fourchette de 50 millions de supporters ?). Autant vous dire qu’on ne pleurera pas ce stade même si il doit disparaitre pour un stade aussi moderne et sans âme comme l’Emirates Stadium. Et ça tombe bien puisque l’AS Rome a eu le feu vert pour son projet de nouveau stade fin 2017. Il devrait faire surface d’ici 2021.
C’est terrible mais si je dois en dire du positif pour justifier les points dans sa note, c’est finalement simplement parce qu’il est capable d’accueillir des supporters de foot (jusqu’à 70 000). Ce qui est pratique pour une enceinte sportive. C’est un avantage sur votre stade communale en quelque sorte. Très bien rempli, donc seulement pour les grands événements comme ce Lazio – Inter, il y’a toujours ce côté arène qui reste chaleureux, sans l’être autant que le stade du Torino qui l’a sans posséder une piste d’athlétisme. Abstraction faite de tout élément extérieur (ambiance, qualité du match, alentours), c’est tout simplement le pire stade que j’ai vu hors France finalement (le stade d’Hull City est mieux).
L’atmosphère
#LazioInter Hymne pic.twitter.com/aY3hAhEsOJ
— Rageux (@Sscrew49) 20 mai 2018
Heureusement, on peut compter sur les fans pour nous offrir une autre expérience d’un stade. Sur ce match le contexte était vraiment particulier. L’affluence était même supérieure au derby romain puisque le stade était complet (+65 000 places) alors qu’en temps normal la Lazio a une affluence autour des 30 000. Une sacré différence que l’on doit aussi beaucoup aux intéristes puisqu’ils étaient 12 000 en parcage, et peut-être jusqu’à 10 000 de plus ailleurs dans le stade. Dans ma tribune Distinti Nord Ovest (à côté de la Curva Nord), je n’avais aucun fan repérable de l’Inter mais dans les autres tribunes c’est toujours surprenant d’en voir ailleurs et aussi distinctement pour un match aussi important (comprendre « où en fonction du résultat, tu peux avoir envie de niquer ton voisin trop festif », ce qui se passerait 9x sur 10 en Angleterre). Je me suis trop habitué à la politique répressive française sans doute. Cependant, les supporters de la Lazio ont ici un lien d’amitié avec ceux de l’Inter. Une banderole du parcage visiteur l’a d’ailleurs dit : « Notre amitié va au-delà de n’importe quel résultat ». Plus tard dans le match, les laziales ont aussi pensé à Buffon : « Gigi Buffon, la Nord te rend hommage. »
Pour l’ambiance, elle était sinon très bonne. Une heure avant le match, le stade était déjà quasi complet et bouillant dans la tribune Nord (court extrait). Les premiers frissons d’une grande soirée de foot. Les innombrables drapeaux étaient déjà de sortis également et ne se sont jamais arrêtés d’être brandis pendant 3 heures. L’hymne sera très beau à entendre. Par moment et notamment après une banderole « Tout un stade doit chanter » (ndlr: citation incomplète), c’est la majorité du stade qui a suivi la Curva Nord pour chanter debout et sauter. Forcément, à cet instant, le stade a une meilleure gueule que dans un contexte ordinaire. La Lazio n’est plus du tout habitué des joutes européennes au plus haut niveau et c’est ce soir sa meilleure occasion depuis longtemps d’en être. Alors forcément l’enjeu est trop important pour certains supporters qui préfèrent se mordre les doigts, se prendre la tête à deux mains plutôt que chanter. Puis plus tard dans le match, parce que la Lazio va échouer dans son objectif, on en verra quelques-uns pleurer… Globalement, les supporters gardent la tête haute et restent fiers de l’équipe. Pas de sifflets mais des remerciements pour la saison de l’équipe, plus belle qu’attendue sans doute. C’est quand même compliqué de ne pas être dépité quand la saison se termine ainsi dans un match aussi facile à prendre.
Le football
#LazioInter Présentation des joueurs pic.twitter.com/uQp5CJcSPZ
— Rageux (@Sscrew49) 20 mai 2018
Les faits de jeu ont d’abord tourné en la faveur des blanc et bleu ciel puisqu’ils vont mener 1-0 puis 2-1. Et plus que le score, c’est le comportement de l’Inter qui incite à la confiance. Comme souvent dans la saison et à chaque fois que je les ai vu, le Champion des 0-0 est offensivement trop faible dans le jeu (23 buts d’écart avec la Lazio) malgré Icardi. Sans qu’on comprenne comment et pourquoi, la Lazio va sombrer en quelques minutes dans une répétition de l’Europa League et encaisser 2 buts. L’Inter gagne 3-2 et c’est la folie qui empare le parcage intériste.
Malgré d’excellents joueurs, la Lazio ne jouera toujours pas la Ligue des Champions l’an prochain et il faudra voir leur activité sur le marché des transferts, surtout dans le sens des départs. De ce fait, ça réduit considérablement le nombre de grandes soirées pour la Lazio Rome si vous vouliez y voir un match. Car je ne conseille pas d’y aller avec une affluence sous les 50%… Reste au groundhopper et à la ville de Rome le rival pour offrir de plus grands moments. En sachant que les matchs ne sont jamais complets avant une vente générale. La qualité de football ne doit pas être une priorité : Sans aller dans les places à 90€, on ne se sent jamais proche de l’action. 4 des 5 buts de ce Lazio – Inter se sont passés du côté opposé à nous. C’est difficile de décrire les buts. Et en plus, l’écran géant ne sert à aucun ralenti, et pas même à annoncer l’utilisation de la VAR (un pénalty annulé). Comme ça, on comprend et on voit pas grand chose. Quelque soit le niveau de jeu, la « Fan Expérience » y perd forcément à la fin. Au moins, la pelouse est en bon état.
L’expérience groundhopper
Ce n’est pas forcément le plus bel argument pour un groundhopper, mais Rome se distingue surtout pour sa ville incroyable. Ce qui réussit même l’exploit de facilement en rattraper son stade d’athlétisme. Le match de foot n’est à prendre qu’en bonus, son stade étant à l’intérêt très réduit avec sa visibilité réduite du terrain (je préfère être à Goodison Park derrière un poteau). Cependant, il y’a eu un premier retour de Rome au premier plan cette saison. On a eu ce Lazio – Inter qui a été un grand match, et le parcours européen de l’AS Roma. Dans ces conditions, l’atmosphère autour du match peut en valoir largement la peine. Mais merci les fans, et seulement eux.