Stade olympique de Rome

Visité
7.2

Bien

8.1

Note des lecteurs

AS Roma – Borussia Mönchengladbach

AS Roma – Borussia Mönchengladbach

AS Roma - Borussia Mönchengladbach

25€
7

Le stade

5.0/10

Le football

4.0/10

L'atmosphère

8.0/10

La ville

10.0/10

L'expérience groundhopping

8.0/10

Pros

  • La ville, splendide.
  • Ambiance sympa avec 2 vrais kops.
  • Bière au stade.
  • Une belle affiche sur le papier...
  • Un stade chargé d'histoire mais...

Cons

  • ... mais pas top sur le terrain.
  • Des places un peu chères & aucun tarif réduit.
  • Un stade vieillisant, loin du centre et pas adapté au foot.

Jeudi 24 octobre, peu avant midi. Alors que je pénètre dans un bus quelconque de Rome, je tombe, au milieu d’une foule pressée, sur deux personnes habillées aux couleurs du Borussia Mönchengladbach. Attiré par la curiosité, je lance la discussion avec eux. Très vite, ceux-ci me confessent qu’une délégation de 6 000 supporters est attendue dans la capitale italienne pour assister à la rencontre de Ligue Europa face à l’AS Roma. Dans un doux mélange entre anglais plus que moyen et haleine ravagée par quelques pintes matinales, le plus âgé d’entre eux, la cinquantaine, m’énonce le programme de sa journée « spéciale visite de Rome » : rencontre avec d’autres supporters allemands dans un pub irlandais pendant une bonne partie de l’après-midi, puis marche vers le Stadio Olimpico. Le bonheur absolu.

Alors que je n’avais absolument pas prévu d’assister au match, je me laisse tenter par la curiosité. C’est en revanche de l’autre côté du stade, au cœur de la fameuse Curva Sud chère aux tifosi de la Rome, que se déroule une aventure qui n’est pas la première à l’Olimpico. Étudiant en Erasmus dans la Ville Éternelle depuis le mois de septembre, j’avais en effet eu l’occasion de me rendre au stade pour le premier match de Ligue Europa entre la Roma et Istanbul Basaksehir, nettement remporté par les locaux (4-0). Ce récit sera ainsi nettement plus centré sur l’expérience du match en tant que tel – et il y a de quoi dire ! – que sur une découverte totale du stade ou même de la ville.

Quelques heures avant le coup d’envoi, j’achète donc ma place pour la somme de 25 euros. Le prix reste raisonnable pour une équipe du standing de la Roma, mais il est dommage de n’observer par exemple aucun tarif réduit pour les jeunes, étudiants ou chômeurs. De plus, il est légitime de s’interroger sur la stratégie du club qui pratique des tarifs assez élevés pour un taux de remplissage très moyen (affluence moyenne d’environ 35 000 spectateurs, pour un stade d’une capacité de 72 000 personnes). Ne serait-il pas plus intéressant de miser sur des tarifs plus abordables, notamment pour les familles, afin d’avoir un nombre de supporters plus élevé ? Mine de rien, ces nombreux sièges bleus vides font tâche et donnent une image négative de l’AS Roma lors des retransmissions télévisées. Un paramètre loin d’être anodin, à l’heure où les plus grands clubs européens sont obsédés par le développement de leur marque à l’international par le biais de la négociation de droits TV.

18h30. C’est l’heure de rentrer dans l’enceinte, quelques minutes avant le coup d’envoi, sous une pluie battante comme je n’en avais encore jamais connu après un mois et demi de vie romaine. Après avoir été fouillé à quatre reprises et dû montrer ma carte d’identité autant de fois – ce qui ne m’était jamais arrivé ailleurs, me voici dans les travées d’un Olimpico plutôt bien garni (35 000 spectateurs) pour un match disputé un jeudi à 19h. Surtout, les 6 000 Allemands que l’on m’avait vendus sont bien présents, et se distinguent par un beau spectacle de fumigènes juste avant le coup d’envoi. Alors qu’il reste quinze minutes avant le coup d’envoi, un petit détour par la buvette s’impose. Denrée rare pour le Français que je suis : de la bière est vendue directement au stade. À 4€ le demi, ça fait un peu cher – surtout pour une ville où il est facile de trouver une pinte à moins de 3€ – mais ça permet au moins de se réchauffer après avoir pris l’eau pendant quelques temps. Je n’ai pas pris le soin de goûter la nourriture, mais ne saurait que trop vous conseiller d’anticiper et d’acheter des parts de pizzas dans l’un des nombreux bars à proximité du stade (de l’autre côté du Tibre). À 2€ les deux parts de margherita, ça vaut le coup.

À peine ai-je le temps de regagner ma place que le speaker énonce la composition de la Roma, saluée par un spectacle son et lumière à l’Américaine et par un public très réceptif. Conspué lors de ma dernière venue, l’immense Javier Pastore est titulaire et applaudi par les tifosi. Avant ça, l’homme au micro avait pris le soin de citer les onze joueurs de Mönchengladbach qui allaient débuter. Coincé au milieu d’une tribune entière en train de siffler, je ne peux prendre connaissance du XI aligné par l’entraîneur visiteur, ce qui ne représente pas un drame dans la mesure où je n’ai pas regardé le moindre match de Bundesliga depuis les apparitions de ce bon vieux Jean-Charles Sabattier sur le plateau de l’Équipe du Dimanche. À noter cependant les titularisations des deux germano-bretons Marcus Thuram et Ramy Bensebaini.

Le match

Sitôt le coup d’envoi donné, le Borussia se rue à l’attaque et campe devant la cage de Pau Lopez. Sujet épineux en Italie ces dernières semaines, le racisme n’aura pas tenu bien longtemps avant de pointer le bout de son nez, puisqu’un « supporter » placé juste derrière moi qualifie Thuram junior de « noir de merde » dès son premier ballon touché. Noir, c’est également la couleur du regard que lui a lancé toute une rangée après sa réflexion stupide. Si cette belle réaction spontanée ne changera pas la stupidité de l’individu en question, elle a au moins le réflexe de le calmer : plus aucune réflexion quant à la couleur de peau ou l’origine d’un joueur ne sera effectuée, le « supporter » se contentant d’utiliser l’expression « porco dio » (sorte de « putain » à l’italienne) pour exprimer son mécontentement – une cinquantaine de fois au cours du match, tout de même. Fort heureusement, aucun autre acte de racisme n’est à déplorer au cours du match, et je n’ai entendu aucun cri de signe émanant des tribunes.

Le Borussia domine le début de match et manque d’ouvrir le score à plusieurs reprises, touchant la transversale sur un cafouillage dans la surface. Mönchenglad-barre est loin d’être génial, mais pose des soucis à une Roma malade et inquiète les tifosi locaux. Les hommes de Paulo Fonseca ne se montrent dangereux que sur coup de pied arrêtés. Après une première chaude alerte, la patte gauche de Kolarov distille un ballon parfait que Chris Smalling reprend et pense envoyer au fond avant qu’un défenseur allemand placé sur la ligne ne l’empêche de célébrer son premier but sous ses nouvelles couleurs. Cela réveille les Romains qui se montrent entreprenants, mais les chevauchées de Justin Kluivert ou les grigris de Pastore sont trop timides pour faire mouche. Comme un symbole, c’est finalement sur un corner que vient l’ouverture du score. Du haut de son mètre 90, Nicolo Zaniolo s’élève plus haut que tout le monde et place une tête au premier poteau qui laisse le gardien de Gladbach bouche bée. Pleine de réussite, la Roma ouvre le score à la demi-heure et pense doubler la mise cinq minutes plus tard mais Dzeko voit son but refusé à juste titre pour hors-jeu.

À la pause, l’AS Roma est toute heureuse de mener, sauvée par son efficacité offensive autant que par l’excellente prestation défensive de Smalling. Alors que la pluie redouble d’intensité, le match se tend au fil des minutes. Les conditions de jeu deviennent de plus en plus compliquées, et la Roma choisit de laisser le ballon à Mönchengladbach qui ne sait pas trop quoi en faire. Plutôt agréable en première période, le spectacle devient très moyen au fil des minutes, les acteurs présents sur le terrain n’étant il est vrai pas aidés par une pelouse gorgée d’eau. Enchaîner trois passes devient compliqué, tant et si bien qu’on se demande parfois s’il s’agit vraiment d’un match de Coupe d’Europe. Et dire que les supporters du Borussia croisés le matin même se vantaient de la place de leader de Bundesliga occupée par leur club…

Puisque Mönchengladbach ne se décide toujours pas à être dangereux, la Roma reprend peu à peu les clés du match et opère dangereusement par contre. L’entrée de Perotti fait du bien, et les Italiens passent plusieurs fois proche du break. Le parcage allemand est tendu, alors que la Curva Sud fête la victoire qui s’approche. À peine sorti du banc, Alessandro Florenzi a la balle de match mais manque de manière inexplicable son face-à-face avec le portier adverse. Au même moment, l’arbitre annonce le temps additionnel, et Gladbach tente de jouer dans la surface adverse. Après avoir raté une énorme occasion, le club allemand balance un long ballon dans le camp romain. Le cuir est dévié par un Borussen, et rebondit sur la tête de Chris Smalling qui dégage. L’ancien mancunien se relève tout juste et voit l’arbitre désigner le point de penalty, de manière inexplicable. Une énorme bronca jaillit de la part d’un Stadio Olimpico qui ne comprend pas la décision. Au bout des arrêts de jeu, Stindl transforme le penalty et célèbre devant un parcage incrédule. Sitôt le but inscrit, l’arbitre siffle la fin du match et se retrouve immédiatement encerclé par certains joueurs de la Roma qui lui demandent des explications. Qu’importe, le mal est fait : l’AS Roma concède le nul à domicile contre une équipe qui passera sans doute son voyage retour à se demander comment elle a pu revenir au score en fournissant une prestation proche du néant.

Je quitte de mon côté un stade climatisé, au sein duquel les chants à la gloire du Borussia Mönchengladbach sont légion. Pas franchement tifoso de la Roma, je finis même par être amusé par l’absurdité du scénario, mais je comprends tout à fait la détresse des supporters locaux qui vont sans doute passer un mauvais quart d’heure. Alors que je plains le sort des tifosi, je tombe sur un groupe d’Américains qui sortent du match. Ceux-ci m’expliquent que, venant de Chicago, c’est le premier match de soccer auquel ils assistent. En plus d’être tombés sur une vraie purge, les pauvres touristes pensaient se faire plaisir en s’offrant des places à 60 euros en latérale basse, au niveau de la ligne médiane, histoire d’être au plus près du spectacle – aussi indigeste fusse-t-il –, mais ils ne savaient sans doute pas que leur rangée était la seule de tout le stade à ne pas être couverte. 2 heures de flotte plus tard, il ne faudra pas s’étonner si on croise ces trois courageux prochainement sur un terrain de football américain.

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