FC Bâle - FC Zurich : viré de tribune puis match annulé
20€ Tribune DMon compte rendu de ce « Klassiker » FC Bâle – FC Zurich est le plus TLMSF que je puisse faire :
Je vais vous raconter un match qui n’a pas existé.
La journée débute normalement avec une après-midi de tourisme dans cette chouette ville de Bâle. C’est l’occasion de constater que le FC Bâle fait partie du quotidien d’un Bâlois : Menu spécial (sans intérêt) au McDo, drapeaux accrochés à des façades, ligne de tram au couleur du club, etc.
Je me dirige vers le stade. Le St Jakob Park m’avait visuellement toujours attiré. A ma surprise le stade est totalement confondu avec un centre commercial : Des entrées voisines peuvent mener au stade ou au centre commercial. Il est difficile d’en faire la distinction et de ce fait les entrées consacrées au stade sont peu nombreuses : 1 entrée principale par tribune. A noter aussi que les tribunes ne portent aucun nom mais seulement des lettres, une sobriété pas à mon goût.
Je prends d’abord le temps d’observer l’atmosphère ambiante sur la place qui mène au virage du Kop et à une latérale. Les Ultras sont environ 500 à 2 heures du match avec un même nombre de bières empilés en plus de celles jonchant déjà le sol. Une ambiance dans un esprit totalement Away très appréciable. Le code vestimentaire identique jusqu’au modèle de blouson pour tous est assez saisissant. La culture ultra est très dominante puisqu’il ne semble exister aucun « sympathisant » (exemple : La distinction Brigade Loire et Tribune Loire à Nantes). Ici on est tous ultras ! Et à première vue, il ne semble y avoir aucun ado prépubère stupide. Un petit tour sur des recherches Google Images donnent aussi le ton. Le foot suisse est peut-être dérisoire pour nous mais il ne faut surtout pas en sous-estimer les fans…
Tout le monde se tient bien et cette impression va se confirmer quand personne ne va surréagir à l’arrivée d’un train bondé d’Ultras zurichois qui, fenêtres ouvertes et tête dehors, signalent leur présence en balançant des pétards sur la place. Cette arrivée en TER pourri longeant le repère des fans hôte et le stade d’une dizaine de mètres ferait une superbe scène de film/western.
J’en ai pas encore une bonne connaissance en foot mais le hockey sur glace m’a déjà fait constater que la Suisse pouvait donner des ambiances incroyables, et ce même pour des petits villages perdus (Ambri-Piotta). A la manière de sa politique vu depuis le reste de l’Europe, on semble être dans un espace non régit par la bien-pensance et le tout répressif qui condamne progressivement l’existence du football dans d’autres pays. Ce qui n’empêche évidemment pas les autorités suisses d’agir contre le hooliganisme qui semble assez présent en Suisse (environ 1600 personnes considérées hooligans), et l’on parle même de « tourisme du hooliganisme« . Un sujet en tout cas intéressant mais à traiter en profondeur pour mieux en définir les vérités et contre-vérités. Ce n’est pas le sujet du soir.
Je sais cependant que je dois faire attention avec les fans. En rentrant dans la coursive étroite du virage, je prends une photo d’un personnage de dessin animé avec un fumi dans la main sur le mur extérieur des WC. Puis une photo de banderoles et de drapeaux accrochés. Un membre des Ultras vient alors à ma rencontre, sans s’énerver pour me faire supprimer les photos. J’aurais pu tomber sur un mec certainement bien plus con. Je n’insiste pas et je suis presque agréablement étonné de cette volonté de ne garder la tribune qu’à eux, en y conservant ses secrets. J’essaie quand même en parallèle de lui expliquer que j’écris pour un site de groundhopping. Il m’écoute et se montre compréhensif, ce qui ne change rien au fond du problème : Je dois supprimer toutes mes photos. Je vais quand même ruser et pratiquement tout garder.
Alors qu’il veut simplement m’amener dans une autre partie de la tribune, la réaction des stadiers va me surprendre : Le premier lui interdit de me faire passer dans la partie haute. Je dois donc quitter la tribune… Il explique alors à un autre stadier que je dois quitter la tribune car j’ai pris des photos. Le stadier me considère immédiatement coupable et veut à son tour voir mes photos pour les supprimer. On insiste comme quoi c’est déjà fait et je quitte le stade pour aller m’acheter une autre place… Vous comprendrez donc qu’il y a une union sacrée des supporters jusqu’aux stadiers dans le virage. Je sais maintenant qu’il est déconseillé d’acheter sa place ici. Dans cet amas de supporters au blouson bleu floqué d’un 12 sur les manches, le touriste est vite repéré. Je rejoins alors la latérale pour 18€ supplémentaire. Inutile de payer plus puisqu’il n’y a aucun contrôle : On peut traverser toute la tribune, aller en partie basse ou haute et se placer là où l’on veut puisque 24 000 billets sur 36 000 étaient vendus.
#fcbasel #FCBasel1893 #ultras #groundhopping pic.twitter.com/FyWgm5pwrY
— Rageux (@Sscrew49) 4 mars 2018
Place maintenant au spectacle d’un match qui n’aura pas lieu. Les supporters Home et Away se répondent par des chants, banderoles. J’observe surtout le côté bâlois. Et dans la continuité de l’avant-match, c’est imposant. Le virage bas est intégralement composé d’ultras. Les mecs sont très bons. Pendant 45 minutes on est dans l’attente du début du match car il y’a une panne d’électricité. Aucune mauvaise réaction mais des supporters qui continuent de chanter, ajoutent quelques engins pyrotechniques dans un stade plongé dans le noir. C’est beau. Le match est annulé. Les joueurs viennent religieusement s’excuser auprès des supporters.
Les déplacements chaotiques font les meilleurs souvenirs. Je suis presque heureux d’avoir en plus une excellente raison de revenir et voir cette fois-ci l’ambiance en match. La ville, le club, les supporters font de Bâle une destination d’exception pour le groundhopping. Une atmosphère à part dans un championnat pourtant « de bas niveau », où Bâle est en plus en train de tout perdre. Ce qui ne change rien à l’engouement des fans. Un coup de coeur général comme j’ai pu avoir avec la ville de Sheffield et le club de Sheffield United.
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