Au classement, un match quelconque. Sur le terrain, un match fou dans l’un des plus bels écrins que le foot européen puisse nous offrir : l’Ibrox Park des Glasgow Rangers. J’avais déjà été dithyrambique avec l’autre stade de la ville, le Celtic Park, mais l’Ibrox Stadium va encore plus loin. Un monument massif essentiellement en brique dont la devanture principale (tribune Sud) peut même se targuer de faire partie du patrimoine classé Catégorie B de l’Ecosse. Ce terme vient récompenser l’utilisation pérenne de matériaux « disparus ». De son côté, le Celtic Park n’a pas cette reconnaissance.
L’Ibrox Park a aussi sa face sombre, il a été le théâtre du plus grand drame du football écossais qui a coûté la vie à 66 personnes en 1971. C’était pour un derby. Le drame est survenu alors que les supporters du Rangers quittaient le stade à la 89ème minute après l’ouverture du score du Celtic. Le rapport officiel ne n’en fait pas état, mais l’égalisation rapide des Rangers aurait pu être l’élément déclencheur d’un mouvement de foules fatal. Ibrox a donc subi de nombreuses rénovations pour se plier aux mesures de sécurité, après ce drame mais également après celui d’Hillsborough. C’est là qu’il a pris le nom d’Ibrox Stadium. Mais accordons-nous sur le fait qu’Ibrox Park, c’est mieux et c’est donc le terme que je vais utiliser.
Heureusement, les rénovations n’empêchent pas Ibrox Park de rester un stade enraciné dans l’Histoire. Outre la brique, quelques parties en verre se trouvent dans le stade. Ibrox est un véritable monument de culte pour ces fans, mais aussi le groundhopper. Il est d’ailleurs toujours intéressant d’observer, avec quelques heures d’avance sur l’horaire du match, les premiers travailleurs et fans arrivant au stade. J’ai pu voir un stadier s’arrêter devant la statue de John Greig pour l’embrasser. Si vous ne le connaissez pas, ce dernier est l’homme qui a consacré et continue de consacrer toute sa vie pour les Rangers. Il a été joueur, entraîneur, dirigeant. Recordman des apparitions (496), il a aussi été élu plus grand joueur de l’histoire du club. Cette statue n’est pas seulement un hommage à son égard mais aussi aux disparus des trois tragédies d’Ibrox (1902, 1961 et 1971). Quelques minutes après le steward, un père montre à son jeune fils ces symboles du passé de leur club.
Mon rituel d’observation terminé, je n’ai plus qu’à attendre l’entrée dans le stade. Malgré la popularité du club, il est étonnant de noter que les tickets physiques de match ne possèdent pas de code à scanner. C’est la première fois que je suis confronté à ce cas au Royaume Uni. Il est donc impératif de ne jamais perdre vos tickets, sinon aucune impression supplémentaire ne pourrait être faite. De l’intérieur, le stade reprend des normes un peu plus habituelles mais c’était impossible de faire aussi exceptionnel que l’extérieur.
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— Romain (@Sscrew49) March 1, 2017
Ma tribune est la Family Stand (ou Broomloan Road Stand), mais c’est une hérésie de le dire. Le parcage Away est dans mon coin gauche, et le Kop à ma droite. La Family Stand concerne en réalité la partie supérieure de la tribune. L’accès à la tribune basse n’est pas réservée aux adultes. Les parents doivent juste anticiper le fait que les 90 minutes du match seront un cours particulier spécial insultes. Apparemment cela ne gêne ni les petits ni les grands.. J’ai entendu bien trop d’insultes dans les stades anglais pour me permettre de classer les supporters de différents clubs mais j’ai retenu quelque chose d’Ibrox : la pression mise par les supporters. Ils réagissent, en tout cas sur ce match, énormément et ont toujours un commentaire ou une réaction à faire. Si le gardien ne peut trouver une solution pour dégager vite, de nombreux agacements se font entendre. C’est la même chose quand une série de une-deux se conclue par une perte de balle, malgré de bonnes intentions. Sans l’habitude, cela doit être stressant pour un joueur d’entendre le public interagir aussi souvent et ne pas laisser l’équipe seule maître de sa façon de jouer.
J’ai vraiment pu en faire le constat vu le scénario de ce match. Les Rangers menant d’abord 2-0, avant d’encaisser le but du 2-1 et de recevoir un carton rouge. Dans les dernières minutes St Johnstone profite de sa supériorité numérique pour égaliser. Vous pouvez vous douter de la réaction des supporters locaux. Heureusement pour eux, les Rangers vont réussir à inscrire le but de la victoire dans les arrêts de jeu.
Même avec ce scénario, les encouragements et chants sont restés assez faibles. Le Kop, malgré sa bonne activité, paye le fait de n’être qu’une cinquantaine. Le club est pourtant déjà revenu de très loin (liquidation judiciaire en 2012 après 160 millions d’euro de dettes) et n’a été promu en SPL que cette année. Mais les supporters semblent encore attendre plus de leurs Rangers. Les 8 000 fans ayant fait le déplacement en janvier pour un simple match amical au Leipzig ne nous feront pas dire le contraire. Les Rangers ont besoin d’Europe, ou au moins de rivaliser avec le Celtic. Pour cela, il va encore falloir se montrer patient.
Made that hard for ourselves 🙈😅 Nothing better than a last minute goal though 🙌🏽 Much needed 3 points on the board! Great support 👏🏽 🔴⚪️🔵 pic.twitter.com/HXXGZFNUFN
— James Tavernier (@James_Tavernier) March 1, 2017