Le stade de Francfort est a quelques kilomètres de la ville, au milieu du périph’ et de nulle part. On est un peu surpris, et on sera un peu déçu de l’organisation. Tout donne l’impression d’être dans un festival : Les kilomètres nous séparant donc de la ville, ce terrain vague faisant office de parking payant (5€), le pont nous faisant traverser le périph’ pour rejoindre le stade. Un stade et ses stands qui nous sont totalement inaccessibles avant l’heure d’ouverture des « portes ».
Une fois le moment venu, soit 2h avant le coup d’envoi, on constate des fouilles assez surveillées (la même et unique pour tous) qui nous font jeter la boisson (et p-ê la bouffe ?). En effet, à l’intérieur, tout est organisé pour nous faire dépenser. Il faut d’abord aller chercher sa carte digitale avant de pouvoir dépenser dans un stand, ce qui pour le lambda est une perte de temps, et favorise probablement assez bien la consommation (sentiment de « dépenser » moins présent qu’avec du cash). Même si on peut reconnaître que pour l’habitué, ne pas s’emmerder d’argent en cash est un point fort. Et comme la Bundesliga a le plus haut taux d’abonné, qu’elle n’attire pas les étrangers (cf. les droits TV encore plus faible que la L1!), on comprend mieux cette stratégie. Si on en revient au stand : La bouffe, on a vraiment pas grand chose pour 3,50€ (ex: un petit pain et une saucisse dedans), tandis qu’une boisson (bière ou soda 50c) coûtera plus de 4€. Aucun format en dessous. On comprend un peu mieux le modèle allemand et la réussite économique de la Bundesliga : Le prix des abonnements (ou billets) « attractifs » pour rester familial et attirer plus de 40 000 supporters dans chaque stade. Mais à l’intérieur, un fonctionnement façon « festival » pour récupérer l’argent du supporter. (on vient également proposer des bières directement en tribune).
A propos du public, on remarque rapidement la popularité du foot allemand auprès des familles, femmes et filles. On en retrouve énormément, en véritable supportrices, l’écharpe du club autour du cou, et cela nous donne presque un sentiment d’équité avec les hommes. Et en effet, en 2010 (ça a encore progressé depuis) les femmes représentaient 30% du public allemand (11% en France en 2014). Un autre monde. C’est vraiment beau à voir. Un public qui vient en famille mais avec la vraie passion de l’équipe de leur ville. Pas des « touristes ». Et par famille je n’entends donc pas « le père et son fils ». J’en ai vu plus que jamais au « complet » : Père, mère, les enfants. Dont des filles de 6-8 ans pas moins concernés que les garçons. On est tellement loin de ça en France (et sans vous surprendre en Angleterre).
D’ailleurs, on le voit bien à l’ambiance que ce sont pas des simples spectateurs : La tribune latérale dans laquelle nous étions n’a pas hésité à participer une dizaine de fois aux chants du virage (en plus du classique de l’hymne, annonce des joueurs, des buts, etc), en se levant tous du siège pour jouer le jeu et reprendre les chants. Comme si le « Oh les nantais » de la Beaujoire était repris par une tribune Océane debout. Les tribunes latérales savent aussi se lever pour soutenir un temps fort de l’équipe (ou pas, d’ailleurs) protester, mettre la pression. On ne comprend nous même pas toujours la raison qui les font se lever, notamment pour le signal imperceptible envoyé par le kop pour lancer un chant commun avec la tribune latérale. Mais les habitués comprennent immédiatement. Bref, pour des tribunes latérales, c’est extrêmement bien animé. Pas de quoi se frustrer de ne pas être dans le Kop.
Le Kop qui justement parait bien mou. Ça ressemble grosso modo à la Tribune Loire des années 2000. Un petit bloc pour chanter, et le reste qui suit assez faiblement. Ce n’est jamais le silence mais ça n’a absolument rien d’impressionnant. Aucune gestuelle non plus. Il y’a évidemment quelques chants qui claquent quand même assez bien, surtout ceux avec la latérale comme j’expliquais dessus. Comme avec le « Eintracht ? (kop) FRANKFURT ! (latérale) ».
L’annonce du buteur, et du score est assez géniale aussi. Le speaker donne le nom des équipes, le public le score : « Hannover ? (speaker) NULL. (public) ».
A la fin du match, la tradition des joueurs qui restent et se mettent face au Kop est évidemment présente. Malgré la déception (de 2-0 à 2-2) et la légère bronca à encaisser.
En conclusion, j’avais l’image des mecs de Francfort qui se déplacent à 10 000 à Bordeaux, 7 000 à Porto. Donc je m’attendais à quelque chose de beaucoup moins banal au niveau du Kop. Une déception, mais finalement compensée par l’agréable atmosphère générale grâce aux tribunes latérales très vivantes. Ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais, et au final, ça donne un dep’ qui qualitativement a répondu à mes attentes, mais différemment.
L’ambiance seule du Kop c’est 1/10ème de celle de la Beaujoire aujourd’hui. Mais chez nous, on a les yeux qui brillent quand on voit la tribune Océane debout, ce qui se produit 1 fois par an (et probablement quand ce sont des supporters de l’Erdre ou de la Loire qui la remplissent, en plus…). A Francfort c’est tout à fait commun. Sans parler de la participation aux chants qui s’y rajoute… Ça, ça donne une putain d’atmosphère quand même et compense un Kop assez discret.