Partizan Belgrade – Etoile Rouge de Belgrade

Partizan Belgrade – Etoile Rouge de Belgrade

1500 RSD (13€) Bloc Г
8.2

Le stade

8.5/10

Le football

7.0/10

L'atmosphère

10.0/10

La ville

6.0/10

L'expérience groundhopping

9.5/10

Pros

  • Un stade qui devient "arène".
  • +50% des tribunes occupées par des "ultras".
  • Un "spectacle" pyrotechnique hallucinant.
  • Pas cher et très accessible.
  • Assez sécurisé quand même.

Cons

  • Pays récent (tourisme peu développé).
  • Manque une bonne appli pour les transports publics.
  • Dinar serbe pas sur Revolut = frais bancaires.
  • Excepté les buts, contenu limite (on s'en fout).
  • Les latérales ne suivent pas trop les virages.

Acheter son billet pour le derby

La première question que vous vous posez peut-être, ou que vous finirez par vous poser à la lecture de ce compte-rendu dithyrambique sur ce derby de Belgrade, c’est comment obtenir une place pour ce match ? Est-ce compliqué ? Est-ce cher ?

Que ce soit pour un match au domicile du Partizan (32 000 places) ou au Stade de l’Etoile Rouge de Belgrade (55 000 places), c’est très simple d’acheter son billet. Il y’a même des ventes au guichet le jour du match. Cela reste difficile d’estimer précisément le taux de remplissage du stade puisque des blocs restent vides, mais peut-être par choix pour la sécurité. En tout cas le sentiment visuel est que le stade est globalement plein sur les latérales et que des places restent vides en virage.

Pour ma part, j’ai acheté ma place sur le site ticketline.rs. Vous ne trouverez sur le site en vente que les matchs du Partizan ou du Red Star car ce sont les deux seuls clubs serbes qui nécessitent un minimum d’organisation en billetterie. A savoir que lorsque les deux rivaux ne s’affrontent pas directement, l’affluence est misérable (15 000 grand maximum). Pour l’achat sur le site, je n’ai pas eu besoin de renseigner d’infos particulières.

En revanche il faut récupérer son billet soit dans le réseau physique ticketline, soit au stade et en présence d’une carte d’identité. Le seul que j’ai trouvé et qui doit exister se trouve à l’étage d’un petit bâtiment au Bulevar Milutina Milankovića 1, Beograd. C’est un peu surprenant au début car ça parait mal situé. Si vous ne maitrisez pas le serbe, faites comme moi : vous vous pointez avec vos preuves d’achats imprimées qui contiennent le numéro de commande, et voilà. En quelques secondes vous avez votre place. Reste maintenant le prix de la place et ce n’est pas du tout un sujet qui fâche : j’ai payé 15€ pour être en latérale plein centre avec le spectacle des tribunes tout autour de moi, et les VIP juste derrière.

Des informations que j’ai, les serbes sont beaucoup plus intéressés par les matchs européens. Dans ces compétitions, les prix s’envolent rapidement à des choses plus habituelles pour nous (50-70€). Mais en championnat, même un derby ça ne coûte rien. Pour 15€, en tant que touriste n’allez en virage qu’en dernier recours.

La ville

Maintenant que ma place était récupérée, j’ai eu le temps de visiter Belgrade jusqu’au match de dimanche soir.

Tout d’abord il est utile de rappeler que la Serbie a un passé récent tumultueux puisque les Guerres de Yougoslavie n’ont même pas 30 ans et que ce territoire a changé plusieurs fois de noms. On est donc dans un État structurellement très récent. C’est sans doute en partie de ce fait que je n’ai pas pleinement apprécié Belgrade.

Que ce soit des visites gratuites ou payantes, il n’y a que la Forteresse de Belgrade à voir. Ce n’est en réalité qu’une balade libre qui ne prend pas bien beaucoup de temps. Sur les conseils d’un article de Footballski, j’ai traîné dans le quartier du Durćol où l’on retrouve quelques graffitis sur le Partizan (et l’Etoile Rouge).

J’ai laissé de côté la vieille ville dans le quartier de Gardoš qui est je l’espère la partie la plus intéressante de Belgrade. Pourquoi ne pas l’avoir visité ? Parce que les transports publics m’ont saoulé (pas d’application ou site pour aller de notre localisation actuelle à un point) et qu’après le match j’ai su que je retournerai un jour à Belgrade pour un derby. Donc c’était aussi bien de me garder un quartier à voir, en plus de la ville de Novi Sad que je ferais sans doute une prochaine fois (- de 2 heures de trajet).

Je me suis alors rapidement contenté de traîner dans le centre-ville. Belgrade possède une longue avenue principale fermée aux voitures le week-end, c’est un très bon point. La ville est partagée entre modernisme et quartiers pauvres. C’est intéressant de voir ces deux facettes de la ville, j’ai aussi reconnu rapidement une ville de basket. On trouve des terrains un peu partout, des serbes avec des fringues NBA, des publicités avec la sélection serbe, etc. Mais globalement faire un A/R express pour le match ne serait pas déconnant. J’ai fait le déplacement seul donc je n’ai pas non plus passé de temps dans des restaurants.

 

FK Partizan Belgrade – Etoile Rouge de Belgrade

 

L’avant-match

Plus de trois heures avant le match, je me dirige vers les deux stades principaux de Belgrade puisqu’ils sont proches. On commence déjà à s’apercevoir que la sécurité est d’un niveau supérieur ce soir. A une dizaine de minutes du stade du Partizan qui se trouve en premier sur notre route, les supporters se font arrêter et fouiller par la police peu après leur sortie du tram. Vous ne serez pas surpris de retrouver en ville et au match quelques ultras de d’autres clubs puisque les deux clubs de Belgrade sont liés par plusieurs amitiés, qui sont eux-mêmes des clubs rivaux dans leur pays respectif. Les Delije, c’est à dire les fans de l’Etoile Rouge dont le principal groupe ultra Heroes, sont notamment amis avec ceux du Spartak Moscou et de l’Olympiakos tandis que les fans du Partizan sont amis avec ceux du CSKA Moscou et du PAOK. Les rivalités sont décuplées par ces ententes !

Pour mieux comprendre l’Histoire et la force des ultras de l’Etoile Rouge, je conseille la lecture de cet article.

Moi je continue tout droit ma route puisque c’était l’occasion de faire un petit tour du fameux “Marakana” (surnom du stade de l’Etoile Rouge). Même de l’extérieur, on comprend la célébrité du stade. Il est unique. De nombreux graffitis illustrent les murs du virage des ultras, situé du côté du char et sur lequel des enfants s’amusent. J’évite de trainer autour puisque des fans sont là et retourne vers le stade du Partizan. J’espérais me poser sur une petite place repérée plus tôt mais la police et/ou l’armée est désormais présente partout : autour du stade, sur des rues adjacentes surélevées, dans les petites places où j’espérais squatter. Ce n’était peut-être pas interdit mais l’envie de me poser sur un banc seul avec 20 policiers encerclant la place ne me donnait plus envie. Je me contente donc de me poser sur un côté le long de la rue du stade tandis que d’autres squattent les 2-3 bars du coin.

Les supporters affluent rapidement au stade même si on est encore à 2 heures du match. Cela commence à être impressionnant visuellement avec le sentiment de ne voir que des ultras et aucun maillot ou presque. Mais il n’y a aucune agitation particulière donc je me décide à me rendre en tribune. Celle-ci est de l’autre côté, c’est bien plus calme. Du coup, si vous venez en couple ou famille c’est possible mais allez directement du côté de la latérale pour attendre l’ouverture des tribunes. Vous n’êtes ainsi pas confronté à ce qui visuellement, avec toutes les forces policières, ressemble aux éventuels préparatifs d’une Guerre.

Je rentre dans le stade quasi deux heures avant du coup. Le stade se remplit gentiment. Les joueurs rentrent peu de temps après pour se familiariser avec le terrain avant de revenir plus tard pour l’échauffement. Cela permet déjà de sentir la haine que les deux clubs se portent.

Un bon moment avant le coup d’envoi, les esprits s’échauffent déjà dans le virage de l’Etoile Rouge avec la police (plus de photos sur hools.net). Les mecs du Red Star aimeraient sans doute mieux faire connaissance avec les ultras du Partizan situés en latérale. Il y’a en effet 3 groupes d’ultras au Partizan et dans 3 différentes zones du stade. Le groupe principal (Grobari) occupe le virage de façon assez conséquente. On a cet autre groupe en latérale à côté du virage des visiteurs. Et enfin un dernier, le plus petit (j’ai mis du temps à m’en apercevoir) à l’autre extrémité de la latérale (côté virage du Partizan).

Je vais avoir une superbe vue apocalyptique des tribunes. On résume, de gauche à droite :

A ma gauche, un virage quasi intégralement occupé par les fans de l’Etoile Rouge.

En face à ma gauche, le second groupe du Partizan.

En face à ma droite, le troisième groupe de fans du Partizan.

A ma droite, le virage du groupe dominant avec les Grobari.

Pour mieux comprendre la division au sein des supporters du Partizan, on vous recommande la lecture de cet article : Les Grobari : entre passion, rivalités et graffitis.

En réalité, si la (seule) échauffourée se passe entre les visiteurs et la police (pour les empêcher d’aller dire coucou aux ultras du Partizan), ces derniers ont été très bons pour foutre la merde par des jets de fumigènes dans le virage. Et d’ailleurs avec plutôt un bon taux de réussite. Ils sont les premiers à dégoupiller les fumis et ne s’arrêteront jamais de l’avant-match jusqu’à la fin du match. Cela ne semble pas être un énorme problème, pas plus que les fumis qui vont sur le terrain, que quelques sièges qui brûlent ou une bombe agricole qui explose aux oreilles d’un joueur. JOUEZ MESSIEURS.

Pour l’entrée des joueurs, les ultras Grobari sortent une bâche dont je ne suis pas certain d’avoir la signification, mais je l’ai eu ensuite : ils font référence au lien entre l’Etoile Rouge, la Fédération Serbe et l’Etat. Les policiers représentent l’Etat et l’homme en costume représente le Président de la Fédération (lien de l’article dont je faisais référence plus haut).

Ils dévoilent une bannière disant que celui-ci est une salope, un lâche (ma source me l’a traduit en anglais en “pussy”) et des chants reprendront également ces mots. Ils seront d’ailleurs coupés à la TV. Le match est même arrêté un très court instant, à vrai dire je n’y prêterai pas vraiment attention, trop concentré sur les tribunes.

Le match

La première mi-temps se déroule quasi exclusivement sans fumigènes dans les deux virages. Ayant lu au préalable un compte-rendu d’Etoile Rouge – Partizan sur le site qui disait  “Je ne suis pas sûr qu’une seule minute ne se soit écoulée sans qu’une torche soit craquée”, j’aurais pu commencer à m’inquiéter mais je trouve ça logique puisqu’il ne fait pas encore nuit. Je prends mon mal en patience en profitant de l’ambiance, des chants, des grecques merveilleusement bien tenues. C’est déjà très bon et comme ça a été dit dans le précédent article, peu de clubs peuvent déjà se targuer d’avoir un tel rendu visuel et sonore en virage. Pour la participation des latérales j’ai vu mieux en Turquie mais j’ai quand même un fan d’une vingtaine d’année déchaîné depuis le début devant moi. L’aphorisme de Bill Shankly “Le football n’est pas une question de vie ou de mort, c’est quelque chose de bien plus important que cela” lui sied à merveille. Là, je peux vous assurer que sa vie ne se résume qu’à une seule pensée : la mettre bien profond au Red Star.

La nuit tombe en fin de première mi-temps, je suis chaud pour la seconde mi-temps et n’attend maintenant que ça, le spectacle pyrotechnique. C’est lancé par tout le virage des visiteurs et à peine quelques minutes plus tard par le virage des Grobari (un peu en retard par la mise en place de la bâche noire). Pendant 45 minutes, cela ne va maintenant jamais s’arrêter. Je n’ai jamais vu ça. J’ai des étoiles dans les yeux pendant tout ce temps, c’est somptueux, le terrain n’a plus vraiment d’importance.

Photos du virage de l’Etoile Rouge de Belgrade :

Photos du virage du Partizan Belgrade :

Peut-être manque t’il encore l’explosion de tout un stade ? On arrive dans le dernier quart d’heure et je commence à me dire que je vais me taper un 0-0 qui traduit bien la pauvreté du jeu. C’est moche quand même. On arrive à la 83ème minute et là, l’illumination, Seydouba Soumah déclenche une frappe de loin en lucarne. L’EXPLOSION. Entre ce but tardif auquel je n’arrivais plus à croire et le fan surexcité devant moi, je suis enivré. J’ai aucun besoin de feindre des émotions : à cet instant je suis à 100% un supporter du Partizan, je suis peut-être même né à Belgrade. Je vais tellement crier sur ce but puis sur le second qui viendra dans les arrêts de jeu que je vais perdre un peu ma voix pendant les jours suivants.

Je ne sais plus si c’est le premier ou second but, mais derrière nous, la majorité du salon VIP semble faire grise mine. Est-ce que ce sont des membres de l’Etoile Rouge ? En tout cas quelques fans (et surtout le fan surexcité) les narguent et leur disent de se casser, ce qu’ils semblent finir par faire avant la fin du match. Un autre mec, cette fois-ci sans doute membre du Partizan ou ancien joueur est même en larmes dans les tribunes VIP. C’est magnifique. Au delà du spectacle des tribunes ultras, je ressens tout le bonheur et le malheur que peut apporter le résultat d’un derby. Cela pourrait représenter peu de choses dans un pays qui a connu encore récemment la Guerre mais cette rivalité exacerbe tous les sentiments des belgradois. C’est tellement intense.

Au coup de sifflet final, je profite jusqu’au dernier instant avec le tour de terrain des joueurs (et je regarde aussi les sièges qui continuent à brûler dans l’indifférence générale). Du côté “rouge”, les joueurs sont remerciés malgré la défaite. Il faut garder la tête haute et les fans déchus ce soir continuent de chanter. La sortie du stade se fait avec un très gros cortège de policiers. Nous sommes à 50 minutes à pied de la ville et sur les 30 premières minutes de marche, je crois avoir vu des policiers à toutes les intersections de mon chemin. Les supporters visiteurs ne sont sans doute pas encore sortis donc le retour vers le centre se fait calmement.

Le stade

Putain, on est sur au-stade.fr et j’allais oublier de vous parler du stade. J’ai été tellement transporté par l’atmosphère. Celle-ci joue de toute façon un rôle prépondérant à l’appréciation du stade. Mettez ces « sauvages » dans n’importe quel stade, tout serait magnifique avec eux. Mais il faut bien dire qu’on a quand même une belle arène et la distance du terrain en virage est préférable pour que personne les fasse trop chier avec des éventuels débordements en fumis ou pétards. Pour l’avoir entre’apercu à travers les grilles, je crois quand même que le stade de l’Etoile Rouge est plus impressionnant et mystique (le couloir menant au terrain, l’échauffement des hôtes sur un autre terrain, etc).

L’expérience groundhopping

Quelque soit l’appréciation qu’on peut avoir de la ville de Belgrade, l’expérience d’un derby de Belgrade est absolument à faire. On peut voir quelque chose que le football d’Europe de l’Ouest ne peut plus si bien nous offrir (trop de réglementations, trop de sanctions fortes). C’est une sensation incroyable d’être pendant 2 heures au milieu d’un tel bordel. Pour la ville de toute façon même si en soit sur mon 3ème jour à Belgrade je n’avais plus grand chose à y faire je suis resté sur un nuage suite à ce match indescriptible. Et c’est resté comme ça quelques jours. Au pire, il faut partir sur Novi Sad une journée pour varier les plaisirs.

Je rappelle 4 points fondamentaux pour un groundhopper sur ce derby de Belgrade :

1. C’est une dinguerie considérée facilement comme l’un des 10 plus grands derbys d’Europe.

2. C’est facile d’obtenir une place puisque c’est en vente générale.

3. Cela ne coûte qu’une quinzaine d’euros même en tribune centrale.

4. Et donc vous ne volez la place d’aucun fan (il reste toujours des places libres) en plus de ne participer aucunement à une inflation des prix.

Alors, t’attends quoi pour te faire un derby à Belgrade ? Les vols se font sans escale depuis Paris et Lyon. J’ai pas encore l’habitude de refaire des destinations déjà faites mais là, j’attends déjà la sortie du calendrier serbe 2020/2021 pour y retourner !

Retrouvez plus de photos sur mon compte instagram dédié à mes groundhopping,

et pour suivre celui d’au-stade.fr c’est ici.

Familiarisé aux parcages pour suivre le FC Nantes, un stage sur Liverpool, mon autre club de coeur, a développé ma passion pour le groundhopping en 2016. Cofondateur au-stade.fr.
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[…] ce sens, un groundhopper lensois ajoute que l’ « on ne va pas à Belgrade, Naples ou Athènes comme on va à Amiens ou Angers ». « Parfois nous ne sommes pas les […]

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