Introduction
Second match de la saison en Ligue des Champions pour l’Etoile Rouge, qui s’est qualifié pour la seconde saison consécutive après des tours qualificatifs riches en rebondissements. Après une défaite 3-0 contre le Bayern Munich à l’Allianz Arena, où nos supporters avaient mis le feu en s’y rendant en nombre (près de 9000 entre le parcage et ceux dispersés dans le stade), c’est l’Olympiakos qui se rend au Marakana. Il faut savoir qu’une fraternité unique unie les supporters des deux clubs, avec également le Spartak Moscou, qui forment les « Orthodox brothers ». Le match s’annonce très chaud en tribunes, et je ne voulais rater ça pour rien au monde.
Comment j’ai eu mon billet
Il faut tout d’abord savoir que le club vendait les places uniquement par pack de trois (pour les trois matchs à domicile). Je savais donc que si j’achetais des places pour ce match, j’irais aux deux autres, ce qui était dans tous les cas prévu. Le soir avant la vente au grand public, tout début septembre, je remarque sur un article du club qu’il est possible d’acheter des places via internet. Je me précipite sur le site et prend vite mes packs (un pack pour moi et un autre pour mon père). Quelques informations personnelles, dont le numéro de passeport, son nécessaires et bien que les prix soient en dinars, il est possible de les acheter avec une carte bleue française sans frais supplémentaires (les moins chers étaient à 100 euros). C’est bon, je vais enfin réaliser mon rêve de supporter : je vais voir l’Etoile Rouge en Ligue des Champions au Marakana.
La ville
Belgrade, ce n’est pas la plus belle ville d’Europe, mais l’atmosphère et ce qu’elle dégage en font une ville unique. C’est pas cher, et y mange et bois très bien, les gens sont accueillants, c’est toujours un immense plaisir d’y aller.
Le Stade
Le Marakana, de son nom officiel « Stadion Rajko Mitic », en hommage à la légende du club. Un stade unique au monde, un trou dans la terre, une arène de gladiateur, peu importe comment on le surnomme il ne laisse pas indifférent.
Depuis la dernière fois que je suis venu, il y a deux ans, des travaux pour le moderniser ont été effectués. La piste d’athlétisme, que beaucoup regrettent, est toujours là, mais de nouveaux sièges dans la tribune ouest ont été installés, réduisant la capacité à 51000 spectateurs contre 55000 auparavant, l’intérieur de cette même tribune a été rénové, et plusieurs autres petits travaux ont été faits que seuls les connaisseurs verront.
Je m’installe donc en tribune sud, qui est ouverte 7-8 matchs dans l’année, autant vous dire que ce n’est pas digne de l’Allianz Arena. Les sièges de cette tribune doivent faire 2 centimètres d’épaisseur, ils sont sales, des plantes invasives sortes à travers les escaliers, un gros délire.
Sinon rien de particulier à signaler, on vient ici pour voir l’Etoile Rouge et rien d’autre.
L’ambiance
J’arrive à Belgrade le jour du match. Je vais poser mes affaire puis je m’interroge : est-ce que je vais voir la Youth League à 16h ou est-ce que je vais rejoindre le cortège entre les ultras des deux clubs, qui sont frères, dans le centre ville à la même heure ? Je choisi vite la seconde option, direction donc Terazije et l’hôtel Moskva. Les ultras des deux clubs sont réuni et font un bordel pas possible, ça chante tout le temps, en grec ou en serbe. On reste bien deux heures sur cette place, le temps de croiser des suisses qui sont venus voir le match, c’est toujours sympa de rencontrer des supporters francophones du club ! Le cortège s’élance direction le Marakana, c’est parti pour une heure de dingue. Pas une seconde sans un fumigène ou une torche craquée, pareil pour les chants. Au fur et à mesure que nous nous rapprochions du stade le cortège grossissait, c’était énorme.
Arrivé au rond point en bas du stade, je rejoins mon collègue du soir, un membre de la famille à qui on a offert le place de mon père car ce dernier ne pouvait pas venir. On s’installe dans notre tribune deux heures avant le match, le temps de voir que les U-19 ont fait un résultat plus tôt. Juste après avoir passé la fouille, qui est toujours très superficielle, on nous distribue un tract imprimé par les Delije (les ultras de l’Etoile Rouge pour rappel) : on ne siffle pas les adversaires, on les applaudit à leur entrée sur le terrain, ce sont nos frères alors il faut leur montrer qu’ils sont comme chez eux ! C’est ce qu’il se produira à l’entrée et à la sortie du terrain des adversaires pour l’échauffement, c’est tellement rare ! Je serai aussi très bien placer pour pouvoir observer les Delije pendant le match étant donné que leur tribune est en face.
L’entrée des deux équipes est imminente, et le stade n’est pas plein, les prix démesurés pour les salaires locaux (40 à 300% plus cher selon les tribunes par rapport à la saison dernière) en ont refroidi plus d’un, ce qui est normal quand on connait les conditions de vie en Serbie. Le parcage adverse est plein à craqué, peut être même en surcapacité, impressionnant.
La procédure se met en route avec l’entrée des joueurs sur la pelouse, et un magnifique tifo en tribune nord avec les logos de l’Olympiakos et l’Etoile Rouge, avant qu’un chant commun entre les deux groupes soient repris par tout le stade, adversaires compris. C’est parti pour 90 minutes de chants continus, comme les Delije font d’habitude, mais aussi de la Gate 7, les ultras de l’Olympiakos, très actifs et bruyants dans leur parcage. 3 explosions du stade sur les trois buts des locaux, une tension continue en tribunes, ce match m’a aussi rappelé la folle passion des serbes pour leur équipe, ça change de la ligue 1.
Le match
L’Olympiakos était au dessus, menant 1-0 à la mi-temps, jusqu’à l’expulsion, apparemment sévère, de Benzia. L’Etoile Rouge prendra vite le contrôle du jeu, et ne tardera pas à égaliser par Milos Vulic. Il faudra ensuite la 87e minute pour la libération, l’explosion, le but de Nemanja Milunovic sur corner qui permet au club serbe de prendre l’avantage, avant le troisième but inscrit par Richmond Boakye dans le temps additionnel qui selle le match. Un grand moment de bonheur !
L’expérience groundhopping
Tout simplement mon meilleur match au Marakana, que ça soit avant et pendant. Cette ambiance exceptionnelle que ça soit en ville ou dans le stade sont une bouffée d’air dans cette ligue des champions qui ressemble de plus en plus à une ligue fermée, où les ultras ont de moins en moins de libertés et son remplacés par des spectateurs aphones.