Stadion Cracovii im. Józefa Piłsudskiego

Visité

Cracovia – Wisła Kraków

Cracovia – Wisła Kraków

CRACOVIA – WISŁA KRAKÓW

50 PLN (10€) - Secteur E2
7.8

Le stade

7.0/10

Le football

5.0/10

L'atmosphère

9.0/10

La ville

9.0/10

L'expérience groundhopping

9.0/10

Pros

  • Ambiance particulière de haine entre les deux camps.
  • Signification des tifos des suppporters du Cracovia

Cons

  • Enjeu trop fort ?
  • Le parcage du Wisła aurait pu faire mieux.

Aujourd’hui (1er mai 2022) se déroule le 203ème derby entre les deux clubs de la ville de Cracovie, mais aussi des plus anciens de Pologne. Cela marque le départ d’un incroyable week-end : le derby de Cracovie ce dimanche, la finale de coupe de Pologne à Varsovie le lundi 2 mai et le derby de Lodz le mardi 3 mai, programmation possible dû au fait que ce mardi est le jour de la fête nationale donc férié. A noter que la finale de coupe de Pologne est toujours programmée le 2 mai et le derby de Lodz est aussi décrit sur le site.

Le KS Cracovia possède 5 titres de champion de Pologne, dont le dernier date de 1948. Le Wisła Kraków est quant à lui un géant du football polonais avec 13 titres et a eu notamment un âge d’or dans les années 2000 : 8 titres entre 1999 et 2011.

Ce match est connu sous le nom de Guerre Sainte (Holy War en anglais) et la première information que l’on a lorsque l’on se renseigne sur le derby c’est la non-signature du pacte de Poznań : un accord passé en 2004 entre tous les hooligans du pays sur la non-utilisation des armes blanches dans les stades et dans leurs fights. Je vous laisse le soin de deviner quels sont les 2 seuls clubs n’ayant pas signé ce pacte : le Cracovia et ses groupes « Jude Gang » et « Anti- Wisła» et les « Sharks » du Wisła.

 

La ville

La place du marché incroyable, se balader le long de la Vistule (Wisła), le château du Wavel, etc… vous avez de quoi faire. Je ne suis pas le spécialiste de cette ville mais je peux vous notifier les mines de sel de Wieliczka en proche banlieue (une bonne demi-journée nécessaire), et pour les plus longs séjours, Auschwitz et le parc national des Tatras (Zakopane) sont également dans la région. C’est la ville la plus touristique de Pologne, et ça se ressent (avantages comme inconvénients).

Le stade

Ce derby ne se déroule pas dans un stade commun, mais bien dans 2 stades différents (en capacité et en style) distants de …. 870 m  à vol d’oiseau, séparés par le parc Błonia. Il faut le dire, le derby d’aujourd’hui se déroule à mon sens dans le stade le moins attrayant des 2.

Totalement reconstruit en 2011, le Stadion Cracovii im. Józefa Piłsudskiego comporte 15 114 places (celui du Wisła en comporte 33 000). Sur le coup, ça fait bizarre que ce derby très reconnu dans le monde se déroule dans un stade à si petite capacité. Ce qui me plait le moins, c’est son aspect extérieur avec notamment des boutiques qui ont investi toute une latérale du stade. En revanche, j’apprécie bien le fait qu’au moins 70% des supporters locaux rentrent tous par le virage très soigné des ultras (peut-être tout le monde en fait mais j’ai un doute sur les tribunes à l’opposé donc je ne peux pas confirmer). Cela impose donc des coursives originales pour acheminer les spectateurs vers leurs secteurs respectifs. A noter la très belle fresque en plein milieu du virage opposé mais c’est dommage que cet espace ne soit pas utilisé pour augmenter un peu la capacité du stade.

Coup de chance, c’est la première fois depuis 5 ans que le Cracovia peut de nouveau accueillir les supporters du Wisła, à cause des graves incidents ayant émaillé le derby dans ce stade en 2017 (les ultras du Cracovia avaient attaqué le parcage du Wisła en plein match avec des feux d’artifice et des fumigènes). Je me suis donc volontairement placé proche des ultras, mais en faisant en sorte de ne pas être du côté qui pourrait permettre aux ultras de s’approcher du parcage.

Pour le billet rien de spécial à notifier, il y a largement le temps de prendre sa place, mais pas trop tard car le match s’est finalement joué à guichets fermés

Les enjeux

Le Wisła se rend dans l’antre du voisin en 17ème position (sur 18), 3 points derrière le premier non-relégable à 4 journées de la fin. Le Cracovia quant à lui n’a strictement rien à jouer. C’est le dernier match du week-end, le Wisła a donc une opportunité de rattraper du retard mais est enlisé dans une spirale infernale depuis des mois. Après la trêve hivernale (pas de matchs en Pologne en décembre et en janvier), c’est une élimination en coupe contre une D3 et une seule victoire lors des 11 derniers matchs de championnat. Le bilan est minable et la dernière journée, une défaite 3-4 à domicile face à Płock avec le 4ème but encaissé sur pénalty à la 90’+11, symbolise à lui tout seul la difficulté dans laquelle le Wisła s’est embourbé et n’arrive pas à sortir. Il faut aussi savoir que, notamment pour des raisons financières, ce n’est pas une énorme surprise de retrouver le Wisła à ce niveau-là cette saison.

Une relégation en fin de saison serait quand même un véritable séisme. En effet, durant toute leur histoire, le Wisła n’a connu que 6 saisons en 2ème division, aucune plus bas que ça, et sa dernière relégation date de 1996. Aujourd’hui, ce sont leurs éternels rivaux du Cracovia qui peuvent continuer à les y emmener.

L’avant-match

Si par chance vous pouvez assister à ce derby, et qu’en plus les supporters visiteurs sont autorisés à se déplacer, l’avant-match est obligatoire et unique.

Premièrement, le dispositif policier était immense pour ce match avec hélicoptère et de nombreuses dizaines de camions de police. Les accès routiers aux abords du stade sont très faibles et étaient remplis de forces de police.

Deuxièmement, les supporters visiteurs ont coutume de partir de leur stade et de traverser le kilomètre de verdure du parc à pied pour se rendre chez leur voisin. Aujourd’hui c’était donc les ultras du Wisła, limités à 500 (on va dire que c’est mieux que rien) qui sont partis de leur stade Henryk-Reyman complètement habillés en noir et escortés très minutieusement par la police avec des policiers délimitant le groupe d’ultras par tous les côtés : notamment à l’avant et à l’arrière, pour éviter toute rencontre avec les ultras du Cracovia. Le charme de ce « déplacement » atteint son paroxysme quand des familles ou couples qui se reposaient tranquillement dans l’herbe voient passer ce cortège tout près d’eux et les interrompt dans leur sieste. A mi-chemin, un premier petit craquage de fumigènes a pu se faire. L’entrée dans le stade s’est ensuite très bien déroulée.

Le match

Une grande zone tampon a été mise en en place (toute une moitié de latérale) pour éviter que les évènements de 2017 ne se reproduisent. Finalement, une bonne partie de cette zone était à la vente uniquement aux guichets le jour de match, ce qui a porté l’affluence finale à 14 191 spectateurs.

Au coup d’envoi, le stade est bien rempli, et l’ambiance est chaude. Ma latérale (coté présidentielle) est séparée sur 2 niveaux. Je suis dans le niveau inférieure et une très longue banderole y est déjà posée au-dessus de moi. Il s’agit de la réponse des ultras du Cracovia au tifo que le Wisła a réalisé lors de leur dernier match à domicile face à Płock. En effet, la semaine précédente, leur tifo était déjà dédié au derby et leur banderole indiquait : « Un couteau s’ouvre dans la poche quand quelqu’un ne supporte pas le Wisła ici ». La banderole du Cracovia aujourd’hui indiquait alors : « Un couteau dans votre poche s’ouvre ? Quand vous nous voyez, vous êtes terrifiés. Personne n’apprécie Wisła Huta [groupe hooligan du Wisła], vous n’êtes rien ici ». Ambiance.

La première chorégraphie se met en place relativement tôt, à la 11ème minute. Il faut savoir que dans mon expérience, très peu de chorées sont mises en place avant le coup d’envoi en Pologne. Pour moi, c’est beaucoup mieux de faire comme ceci car on a un temps énorme pour contempler le travail. Un long tifo horizontal est donc levé de la 11ème à la 15ème minute. Mine de rien, 4 minutes en plein match c’est long, ça permet de le contempler, d’avoir le temps de chercher la traduction de la banderole, et personne sous la bâche rechigne à dire qu’il ne voit pas le match. Au contraire, les chants sont toujours aussi poussés pendant que les ultras prennent le temps de se changer.

Le tifo représente deux cartes postales. A gauche une vieille photo en noir et blanc avec un garçon tenant une feuille de match dans sa main. A droite une photo des célébrations du 115ème anniversaire du Cracovia en 2021 célébré sur la place du marché. De mon point de vue, il était difficile de comprendre visuellement tout cela sur le coup. La banderole sous le tifo indique « Les temps changent, mais il n’y a toujours que des Pasy dans la ville ». Les Pasy, autrement dit les Rayures, sont le surnom de l’équipe du Cracovia. Le tifo est ensuite descendu et un bon gros craquage de 2 minutes très classique avec fumigènes rouges embrase alors toute la longueur de la tribune.

Globalement, la tribune latérale d’en face joue extrêmement bien la continuité avec le kop. La mienne un peu moins mais on est sur du très haut niveau d’ambiance. La mi-temps est sifflée sur le score de 0-0 avec un Cracovia dominant sur son voisin, sans toutefois parvenir à ouvrir le score.

Au retour des vestiaires, le parcage du Wisła se montre enfin visuellement. Je suis en tout cas très sceptique sur leur performance : un simple craquage de fumigènes avec une espèce de petit tifo en bas de tribune mais qu’ils n’ont étendu qu’à moitié. Honnêtement je n’ai pas trop compris et je suis un peu déçu au vu de ce qu’ils proposent habituellement dans leur stade.

Le Cracovia de son côté met en place sa deuxième chorégraphie, à l’ambiance on ne peut plus hooligan : une bâche de taille moindre comparé à celui en 1ère période représentant 3 hooligans du Cracovia dans la rue la nuit frappant à coup de pieds un ultra du Wisła allongé par terre qui tente de se protéger la tête. Avec le message suivant : « Si nous étions intéressés par le football, nous frapperions le ballon », ce qui ne semble donc pas être le cas… Un craquage en deux temps, jaune puis rouge a lieu ensuite sur les 2 côtés du tifos. Moins étendu que le 1er mais beaucoup plus long.

Le panneau du score et de temps de jeu est situé au-dessus de la tribune ultra donc c’est pratique pour voir le temps d’exposition de la bâche. Pour celle-ci, elle restera étendue 15 minutes non-stop entre la 61’ et 76’ !!!! Je ne pense pas que l’on voit ça partout. Les ultras ont pu mettre leurs banderoles traditionnelles qu’à partir de ce moment là !

Lors du dernier quart d’heure, le Cracovia domine fortement son adversaire qui ne fait que subir les évènements, mais n’arriveront pas à porter le coup de grâce fatal. 0-0 score final. Au vu de la physionomie du match, le Wisła s’en sort bien.

Le Wisla gratte donc un point dans l’optique de son sauvetage. Lors des 3 dernières journées, malgré un calendrier favorable avec des équipes n’ayant plus rien à jouer, le Wisła n’arrivera à prendre qu’un seul autre point (dont une défaite 4-2 après avoir mené 0-2), qui vous l’aurez compris, scellera définitivement l’avenir de ce club historique en 2nde division.

Conclusion

Match à l’atmosphère très spéciale compte tenu de la situation catastrophique du Wisła au classement. Le spectre de la relégation était immense et a plané au-dessus du terrain pendant les 90 minutes. Même si les supporters du Cracovia ne le diront pas, je ne sais pas si la descente de leur rival, empêchant donc leur plus grand match de la saison d’avoir lieu, soit réellement satisfaisant.

Je n’arrive pas à savoir si l’atmosphère à laquelle j’ai assistée était la meilleure possible dans ce stade compte tenu de l’enjeu crispant. En tout cas je n’ai pas du tout été déçu de l’ambiance mise par les Pasy alors que l’on pourrait craindre que ce derby dans le sens Cracovia – Wisła ne puisse pas faire le poids (compte tenu de la taille du stade) face au Wisła – Cracovia. Au contraire, les tribunes très proches du terrain et le remplissage à 100% du stade (ce qui se fait rarement au Wisła) sont très appréciables.

J’aime bien connaître les noms des groupes ultras pour pouvoir voir leur page Facebook et ainsi me prévenir d’éventuels boycotts ou autres donc les voici : celui du Cracovia se nomme « Opravcy » et celui du Wisła, se nomme simplement « Ultra Wisła».

Fan de l'AS Saint-Etienne et du GF38, ville de naissance. Fait un Erasmus en Pologne où j'ai pu découvrir un tas de villes et d'ambiances incroyables.
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