On était au World Cup Stadium pour FC Seoul – Incheon United
… Et on s’est senti un peu seuls.
Après être allé voir un match à Sapporo, je ne pensais retourner au stade durant mon séjour au Japon. Mais la vie est faite d’imprévus, comme ce voyage en Corée du Sud organisé sur un coup de tête avec deux autres étudiants étrangers : une jeune Taïwanaise et un grand Danois. On part du mercredi au lundi, et au programme : bouffe, alcool, un peu de visite, encore de la bouffe, mais sûrement pas de football. Mais encore une fois, la vie est pleine de surprises.
Alors que je pensais la saison de K League 1 terminée, je découvre le jeudi qu’il y a encore des matchs, et notamment FC Seoul – Incheon United qui va se jouer le samedi 24 novembre pour le compte de la 37e journée, lors de la phase finale du championnat (les 12 équipes sont séparées en 2 groupes de 6, les deux moitiés du classement). Un rapide coup d’œil sur internet et je découvre ébahi que le match se joue au World Cup Stadium de Seoul, à deux stations de métro de mon AirBnB. J’en discute le soir même avec mon compère Danois autour d’une bière (une Sapporo, ça ne s’invente pas), et on propose cette excursion footballistique le lendemain à notre amie Taïwanaise, qui va aller pour la première fois au stade. Le World Cup Stadium sera bien international samedi après-midi, comme au bon vieux temps de la Coupe du Monde 2002.
La ville
Seoul c’est 10 millions d’habitants (25 millions pour son aire urbaine), 600km², 35km à vol d’oiseau entre l’ouest et l’est de la ville. Légèrement difficile donc de tout voir si vous comptez y passer une unique journée pour voir un match. Cependant, pour y rester une semaine, c’est déjà plus intéressant ! Des restaurants, des bars, des parcs, des palais, des musées, il y a tout ce que vous pouvez imaginer dans une des plus grandes capitales du monde. Le plus grand point positif est le prix : comptez moins d’un euro pour un ticket de métro, environ 7 euros pour un bon repas dans un restaurant. C’est une ville très jeune, avec beaucoup d’étudiants et de touristes, notamment dans certains quartiers tels qu’Hongdae, Sinchon et Myeong-dong. Attention cependant aux taxis qui n’hésiteront pas à vous arnaquer en multipliant les prix si vous n’êtes pas accompagnés de locaux !
Profitez-en pour manger un maximum, visiter l’ancien palais impérial Gyeongbokgung, et profiter de l’ambiance festive et lumineuse d’Hongdae.
Le stade
Situé dans l’ouest de la ville, le World Cup Stadium est très bien desservi par le métro, avec sa propre station éponyme. Il est possible par ailleurs d’y accéder depuis la gare de Seoul en descendant à la station Digital Media City. Construit pour la Coupe du Monde 2002 et ayant accueilli 3 matchs durant la compétition (dont la défaite de la France contre le Sénégal en match d’ouverture et la demi-finale entre la Corée du Sud et l’Allemagne), le stade a une capacité d’environ 66 000 places. Il est maintenant utilisé par l’équipe nationale sud-coréenne, et par le FC Seoul. Le stade est plutôt joli, assez impressionnant, mais moins qu’un Stade de France par exemple. En revanche, le fait que ce soit un stade exclusivement dédié au football est un gros avantage : il n’y a pas de piste d’athlétisme, et les tribunes sont donc relativement proches du terrain !
Arrivés deux heures avant le début du match, on va directement acheter les tickets, craignant une forte affluence pour ce match essentiel pour le maintient en K League 1. Toute la ville va sans aucun doute être mobilisée pour soutenir le plus grand club sud-coréen, et il sera difficile de faire rentre les 10 millions d’habitants dans le stade ! Bon pour l’instant c’est un peu calme autour du World Cup Stadium, mais il y a tout de même quelques maillots du FC Seoul, burger à la main. On décide de prendre les tickets à 14 000 ₩ (environ 11 €), qui permettent de se placer où on veut dans la zone derrière les buts et au niveau des poteaux de corner. C’est d’ailleurs là où se trouve le kop des ultras du FC Seoul.
On déguste un délicieux hotdog au bacon sur le parvis, on jette un coup d’œil aux différentes boutiques et aux snacks aux abords du stade, et on décide de rentrer dans ce temple du football 45 minutes avant le coup d’envoi, prêts à être submergés par l’ambiance et le soutien de toute une mégalopole pour son équipe.
Le public et les gens
Autant dire que ça a été rapide de se remettre d’une telle ambiance. Ou plutôt d’un tel calme. Très honnêtement, il n’y a pas grand-chose à dire. On s’est mis au milieu du kop pour y apporter trois voix supplémentaires, ce qui n’était clairement pas de trop. Toute la tribune chante l’hymne du club, puis ça se calme très rapidement. Un chant qui dure 30 secondes toutes les 5 minutes (avec les paroles affichées sur les grands écrans du stade !), deux tambours et un capo suivi par une trentaine d’ultras, voila tout ce qu’il y avait à se mettre sous la dent du côté des supporters du FC Seoul. En face, dans la tribune d’Incheon, c’est un peu plus intéressant : ils chantent fort, tous ensemble, et en continu. Comme des vrais supporters de football quoi. Leurs chants résonnent dans le stade vide, et arrivent presque à couvrir les quelques chants des locaux, alors qu’on était au milieu d’eux ! Les spectateurs en latérale ont le droit à des danseuses sur une scène pendant tout le match qui leur montrent quand et comment applaudir.
10 700 spectateurs dans un stade de 66 000 places, lors d’un match essentiel pour la survie en première division du club. Difficile de trouver quelque chose à complimenter là-dedans.
Le football
Seoul et Incheon sont à la lutte en queue de classement pour ne pas être barragiste, et être sûr de rester en K League 1. La victoire est essentielle pour se mettre à l’abri, et ne pas à avoir affronter le barragiste de K League 2. Un match important entre mal classés, où chaque action va compter.
Le terrain garde quelques traces des chutes de neiges matinales, ce qui promet quelques maladresses techniques. Le coup d’envoi est donné par l’arbitre à 14h00 très précisément. Le FC Seoul souhaite prendre les choses en main et pousse très fort dès le début du match. Cependant, c’est Incheon United qui va ouvrir la marque dès la 7ème minute grâce à Han Seok-Jong. Seoul essaie de faire le jeu mais manque de réalisme dans les 30 derniers mètres, et Incheon procède par de rapides contre-attaques grâce à la vitesse de Mun Seon-Min. Le score est de 0-1 à la mi-temps. Les spectateurs en tribune latérale ont le droit à un spectacle de k-pop, retransmis aussi sur les écrans géants. Il fait environ 5 degrés, mais impossible de trouver quelque boisson chaude que ce soit dans les convenient store du stade. La deuxième période débute comme la première, avec un pressing intense de Seoul, qui prend vraiment le match à son compte. Le match est plutôt animé, ça bouge bien, malgré les joueurs d’Incheon qui sont assez bas. Seoul pousse mais manque encore une fois de finition. L’ancien monégasque Park Ju-Yeong manque à plusieurs reprises d’égaliser, et bute sur le gardien Jeong San qui effectue deux parades pas évidentes. Incheon parvient aussi à obtenir plusieurs occasions en prenant de vitesse la défense de Seoul, mais le gardien Yang Han-Bin empêche les visiteurs d’alourdir la marque. Le score ne bougera pas, malgré un match assez animé et ma foi plutôt agréable à suivre. Incheon l’emporte donc 0-1, les supporters et les joueurs explosent de joie, alors que les joueurs de Seoul se font à la fois applaudir et siffler par les fans présents.
Conclusion
Clairement, ce n’est pas l’ambiance que je vais retenir de ce match en Corée du Sud. Un stade rempli à moins de 20% et des supporters qui ne chantent que trop rarement malgré l’option karaoké sur les écrans géants, c’est assez décevant. Malgré tout, le stade est sympa à voir, le match était bon, et notre camarade est ravie de son premier match au stade et de la victoire d’Incheon. C’est bien là l’essentiel, et il est temps pour nous d’aller nous réchauffer dans un Jjimjilbang, sauna coréen où, en plus des bains chauds où l’on se baigne nus, on trouve, entre autres, des restaurants, karaoke, cinema, salons de massage et salles pour dormir.